~ ET LA MER SOUPIRE...

elfee

ET LA MER SOUPIRE…

Je remonte mon col, assise là, portée par le vaisseau du hasard,

Invoquant les étoiles, sur cette plage muette et immobile,

Fixant ce point où fini la mer… cet infini plus loin que les regards…

Des îles de silence et d’amertume se couvrent d’un drap de lune.

Mon cœur en marée basse vogue sur ce chemin d’exil…

Chaque lame de fond dénude mes angoisses aux sables d’infortune…

Au loin, la mer se cabre, telle un jeune cheval fougueux,

Emerge de l’horizon, sa crinière folle ourlée de blanches dentelles.

Son sillage d’argent se gonfle, s’enfle, s’étire et devient miroir bleu,

Trésor plein de charme, s’allonge à mes pieds, y mord le rivage

Et la vague légère s’efface en une discrète retraite éternelle,

Ivre de parfums, laissant place à un autre animal sauvage !

Seule à la proue de cette grève argentée, cœur offert aux vents

Je dévisage le temps et reprends mon souffle dans un roulis de sanglots.

Pareil à ma colère, le ressac éclate dans l’affolement des cieux délirants

Le chant maudit des chimères du vent rejoint celui de la tempête.

La démence perce l’enfer des Abysses comme mains tendues sortant de l’eau

« Je t’aime ! Je t’aime ! » tu ne m’entends pas mais je crie à tue-tête.

Se lève une aurore calme et voilée sur le golfe de ma vie

Je vogue dans ton zéphyr effleurant tes douces eaux,

L’océan palpite aux cris des récifs sous les vagues en furie.

La boussole du cœur envoie ma nef sombrer vers un phare noyé.

En une ultime espérance, épouse ma tempête et mes rêves en vaisseau !

Mes mots de tendresse sont reflet d’écume, sur mes lèvres incrustés…

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