LES VIEUX

emilbal

Des rides et des tickets de bus.

Le bus.
Endroit de toutes les rencontres.

Il y a quand même un personnage récurent et chiant que l'on rencontre à chaque fois, à n'importe quelle heure : le vieux.

Le bus : c'est chez lui. A croire qu'il a pissé dans tous les coins.

Si tu as décidé de rentrer en premier dans le bus, c'est que tu ne sais pas à qui tu as affaire. Le vieux peut très bien te passer devant au dernier moment, sous pretexte qu'il est vieux et qu'il a des ongles jaunes et longs et, objet ultime : une canne.  Agacé tu te laisses donc gruger par plus faible que toi...et les secondes passent.. et tu es toujours mi-dedans mi-dehors.... POURQUOI ? Et ben parce que le vieux cherche sa monnaie, ses p'tites pièces rouges, pour les donner au gentil chauffeur de bus. "
Un, deux, trois, Ohh on y voit rien ! Quatre, et cinq ! Et ben, ça en fait des pièces pour le peu de distance que j'ai à faire. A mon temps, c'était pas ça, on faisait Paris-Nice pour le même prix !"
Le vieux.

Tu es enfin assis. Tu souris, enfin pas trop car il faut que tu fasses semblant de roupiller si un personnage ridé s'approche trop prêt de toi. Les places coûtent plus cher que les billets.
Les secondes passent, et comme c'est chiant le bus dans le noir, tu réouvres les yeux (en clignant un peu car tu es bon comédien). Et là, sans même comprendre ce qu'il se passe, tu te prends un carton dans la face. Tu demandes à la personne de le reculer de 30cm de tes yeux car toi tu n'es pas myope...et tu rends compte que ton ennemi n'est toujours pas au sol. C'est le vieux qui vient de dégainer son atout : la carte de priorité de place assise. Et au cas où t'aurais pas encore compris, il hurle "CHUIS PRIORITAIRE, VOUS ME LAISSEZ VOTRE PLACE !". Le vieux est content, il a eu son quart d'heure de gloire, au moins 5 paires d'yeux sur strapontin sont venus te scruter l'air de dire "ohlala ces jeunes, ils ne respectent plus rien de nos jours".
Le vieux.

Et il y a ces jours où tu te dis que finalement c'est chouette de faire le trajet debout...calmement, dans tes pensées... il fait beau... Oh, un feu rouge... et hop.. il repasse au vert... tu es heureux... tu te sens pousser des ailes... tu sens qu'elles poussent bien... tu sens qu'on te pousse...
Le vieux

Sous prétexte qu'il descend dans 3 arrêts, le vieux prend un malin plaisir à s'adosser l'air de rien derrière toi, de manière à exercer la juste pression pour te faire comprendre qu'il va bientôt descendre. 
Et si jamais tu ne lui cèdes pas la première place devant la porte, tu te prendras des p'tits coups d'ongles dans le bras, voir des micro piétinements dans les talons.

Le vieux.

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