66

Mes rêves étaient pareils à ces moissons du ciel

qu'engrangent les nuages

Fallait-il être fou pour s'y brûler...

J'ai égaré le fil du chemin

que j'avais tracé

sur  cette vieille route 66

Peut-être était-ce d'ailleurs une autre qui lui ressemble,

- tu le sais bien, les désespoirs s'assemblent -

se perd dans la forêt, se noie

dans le désordre des futaies, 

et sous le macadam, la vie reprend ses droits

- les fougères déroulent leurs griffes de guingois

à l'assaut des chaussées -

les ronces l'effritent et le broie

Décors de carton-pâte pour motels déglingués,

Marilyns au rabais

racolent-ils  encore de vieux nostalgiques 

en  pattes d'éph et  Harley ?

Le  chemin que j'avais tracé ne mène nulle part

qu'à ces poubelles du passé

J'ai beau marcher sans m'arrêter

la nuit il vaut mieux se garder de lorgner

le bas-côté dans la lueur des phares

Fou, qui n'y penses pas,

Car faut-il l'être assez  pour gratter le bitume

et n'y trouver que  des gravats

le soir, au clair de la lune

et n'avoir à noyer  dans le néon des bars

que des mots d'amertume

à moins qu'accoudé au comptoir

je t'y découvre quelque part ..

…partages-tu la Budweiser

qui peut savoir ?