A l'aube, j'ai le vertige

parismrs

Il avait eu une vie sans cris, sans bruit et sans éclats, quand il rêvait de tempête, de relief et de clinquant, une vie toujours entre les lignes et je crois que de ça, il n'en voulait plus tout à fait.

Un jour il m'avait dit : t'entends ce putain de bruit, ben c'est la solitude mon pote et elle me bouffe, certains d'entre nous finissent fous à trop se connaître.

Alors, il était parti, plié bagage, monté à la capitale, parce que c'est bien de ça qu'il s'agissait, il lui fallait de la lumière, un décor qu'il disait,  transpirer par tous les ports, transpirer d'amour, suinter jusqu'à la dernière goutte de lui. Et c'est ce qu'il a fait un temps, puis il s'est perdu à l'infini.

Il m'écrivait qu'au fond y'avait toujours le vide, que ça devait venir de lui et pas du monde, t'as beau racler, y'a toujours le vide.

Il m'écrivait : A l'aube j'ai le vertige, la brume aux yeux et le noir au cœur, à l'aube, il ne me reste que moi et c'est moche et j'ai froid.  Au soir tombé, je m'enfile toute l'obscurité et les étoiles au loin, la terre n'est belle que comme ça, lorsque la nuit l'éteint et que les hommes ne sont plus que des ombres. 

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