A mon anar ou nanard

mamzelle-m

l'irrévérence de façade d'un anar aussi conformiste que mon vieux pote Nanard

A mon anar, mon punk sans chien qui m'a dit que je n'étais qu'une Connasse qui bossait pour des clopinettes et qui se faisait sucer la moitié de son pognon par l'Etat, que je ne comprenais rien de la vie, que ce n'était pas ça la vie, toi t'avais compris, tu ne devais rien à personne tu chantais "les gens qui bossent y nous font chier" de Didier Super pour la blague mais en le pensant quand même et "Société tu m'auras pas" pour montrer que tes idées c'étaient pas du flan pour être repéré dans le bistrot, pour avoir l'air sérieusement engagé, pour ne pas passer pour le énième gueulard un peu éméché de plus que le patron avait vu passer dans sa journée.

Et moi, je me vois te répondre avec mes 9 ans de moins, que la crise d'ado c'était fini, que t'allais pas me la faire avec ta rébellion à deux balles et que la Révolution on la faisait pas dans son salon et que j'étais fière de payer des impôts car au moins moi je me battais pour défendre mes idées à gauche en participant à ma petite échelle au financement de ce qui me tenait à cœur: l'école publique, les services publics de la petite enfance et l'hôpital.

Et t'as continué à pisser dans un violon avec des discours que tu croyais révolutionnaires et qui sont entendus mille fois, trop faciles, t'as continué à vomir sur ces politicards de merde et sur cet Etat à qui tu ne devais rien alors que c'était avec ton ASS que tu me payais mon rouge.

Et un jour... T'as arrêté de te la jouer, de faire style "ma vie à la marge c'est de la balle". J'ai compris que ta vie à la marge c'était moyen un choix, alors fallait pas trop te la ramener avec tes grands discours et tes belles idées juste pour la gloire.C'était bien de parler comme si t'étais dans un roman de Despentes, c'est beau à entendre, y'a quelque chose de joli chez les écorchés, les abimés, les enragés, c'est presque poétique. Mais quand c'est pour la gloire ou la posture à presque 40 piges pour essayer de justifier une vie de loser ça en devient pathétique. Les magouilles, les petits business et vivre de ça, why not? Mais viens pas me demander de vivre comme ça, juste pour avoir l'air Rock. Et si je m'en fous moi de l'air de la chanson. Si je suis heureuse dans ma petite vie stable avec mon CDI, mon temps plein, mon appart payé sans un seul jour de retard depuis 7 ans n'ai je pas le droit de le dire? Vais je devoir pour te plaire m'inventer des vies en squats? Faut il que je me sois fait piquer pour avoir l'air d'avoir du vécu? Si être irrévérencieux aujourd'hui c'était juste d'avoir le courage d'être soi. Si c'était accepter ces paradoxes. Etre autant libre, rebelle, insoumis que conformiste?

Mon anar, tes valeurs ont elles vraiment changé entre le moment ou tu vociférais à qui veut l'entendre "FUCK LE SYSTEME ! Police partout, justice nulle part", et le moment ou t'as accepté de courir les banques pour notre projet immobilier ... et de me faire un bébé ? Nous manque plus mon Punk que le break et le Chien ...



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