Al Zimmer

On a fouillé dans mon grenier… il faut dire que ce dernier, n'a pas  de clefs pour le fermer,  comme tous ceux que j'ai pu explorer et plus encore ceux que je me suis créés… A cinq ans, j'ai déserté les escaliers familiers pour m'aventurer rue Tamisier, dans ses hauteurs insoupçonnées  de trésors empilés, de poussières illuminées…je me suis mise à rêver ! Après avoir écumé toutes ses beautés, à sept ans, j'ai escaladé l'armoire d'une chambre partagée, pour en faire mon grenier… J'ai ainsi caché à mon aînée, la part d'innocence dont elle n'avait pas héritée ! A neuf ans, mon coin sacré a été pillé et j'ai du tout recommencé… pour une boite j'ai opté ! Accumulé des brins d'éternité entre les rubans de ma mémé et les billes acidulées de mes étés ! A onze ans, j'ai déserté ma cabane desséchée et tel le flibustier sur son île abandonnée, dans mon jardin, à trois pieds, l'ai enterré… et déterré ! A treize ans, j'ai commencé à cumuler toutes sortes de greniers, armoires aux fées, mallette d'osier, bureau atelier, cassettes enregistrées, livre herbier, tiroirs à farfouiller, carnets d'intimité, poches pleines d'objets trouvés, penderie engorgée…des trésors figés de choses de rien gardées pour ne pas oublier !... A chaque nouvelle année, un visiteur étonné jette un œil amusé sur un p'tit caillou d'un lieu gravé à côté de l'échiquier, sur le gobelet du festival d'été qui soutient l'œuf de Fabergé, sur des chanteurs sur-fabriqués au milieu des piliers… Ainsi, lorsque ma curiosité s'offre une ballade dans mes greniers, mes sensitives identités respirent la nouveauté des découvertes  passées dans ses matérielles diversités.