Appelle-moi encore

Susanne Derève

Contre un tas de bois mort,

brise indolente, abri silencieux, voix. 

Voix qui m'appelle a fait fuir le lézard

et la mésange.

N'épelle pas mon nom usé.

 

La terre porte un mirage d'eaux neuves,

de printemps.

Des chevaux captifs renversent le fil acéré

des enclos.

Les drailles à l'horizon cheminent vers le ciel,

et franchi le ciel vers l'échine argentée du vent,

le pelage ras des Causses hérissé de lavandes,

l'étrangeté des pierres dressées.

 

Déjà, le soir s'enferre au creux des combes,

l'ombre violette des futaies se déploie

et s'allonge,

tout ce que le jour portait de  douceur et de fièvre

bascule puis se fige

dans le premier battement d'aile de la nuit.

 

Appelle-moi encore et je te rejoindrai.

 

https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2022/03/23/appelle-moi-encore-susanne-dereve/

 

Peinture : Théodore Brenson (Chevaux sauvages)

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