Bien naïve!

divina-bonitas

pensée

Ce matin par hasard, je suis un lien tombé dans ma boite mail et lis,  comme hypnotisée, des propos échangés sur un réseau très à la mode en lien avec l'actualité politique.


Je manque de mots pour exprimer mon ressenti à la lecture de lignes impolies, irrespectueuses, grossières, parfois mêmes haineuses. En lisant certains propos, les larmes me sont montées aux yeux. Je me demande comment ceux qui sont la cible de ces mots font pour les supporter sans s'effondrer.


Dans mon antre, je ne vais jamais sur ce genre de site. Là je tombe de l'arbre. De tout en haut même! Ou alors c'est mon éducation qui n'arrive pas à concevoir que des gens écrivent des propos aussi affreux à d'autres?


Je vis tellement loin de tout ça au quotidien. Hier j'ai passé quatre heures et demi avec un jeune pour essayer de comprendre sa souffrance, le rassurer et le réconforter, l'inviter à exercer son libre-arbitre, à suivre son cœur, à n'écouter personne d'autre que lui, à magnifier l'amour qu'il porte pour sa jeune épouse...alors ce matin en découvrant ces propos violents, je reste sidérée, pétrifiée, atterrée. Je me sens tellement étrangère à tout ça, à des années lumière...sur une autre orbite, loin dans mon cosmos paisible, avec les anges et les étoiles, dans une galaxie feutrée.


Je vais aller parler à mes arbres et leur chanter quelque chanson douce, caresser leur écorce, mettre le nez dans les nouvelles roses. Dans quelques jours je partirai dans ma montagne, écouter le sifflement des marmottes et les cloches des vaches broutant dans les alpages, je m'assiérai au bord du petit torrent, seule, loin de tout ce brouhahas terrifiant, pieds dans l'eau glacée, je m'emplirai du chuchotement de l'eau vive, observerai le glacier blanc,  irai prier dans la petite chapelle déserte.  

Je crois que c'est mieux, que j'en ai besoin.

Qu'est-ce que je peux être naïve à mon âge...






  • Il fait si beau, là-haut, si bon, sur la montagne !

    Victor HUGO
    1802 - 1885
    Ce qu'on entend sur la montagne
    Ô altitudo !

    Avez-vous quelquefois, calme et silencieux,
    Monté sur la montagne, en présence des cieux ?
    Était-ce aux bords du Sund ? aux côtes de Bretagne ?
    Aviez-vous l'océan au pied de la montagne ?
    Et là, penché sur l'onde et sur l'immensité,
    Calme et silencieux, avez-vous écouté ?
    Voici ce qu'on entend : - du moins un jour qu'en rêve
    Ma pensée abattit son vol sur une grève,
    Et, du sommet d'un mont plongeant au gouffre amer,
    Vit d'un côté la terre et de l'autre la mer,
    J'écoutai, j'entendis et jamais voix pareille
    Ne sortit d'une bouche et n'émut une oreille.

    Ce fut d'abord un bruit large, immense, confus,
    Plus vague que le vent dans les arbres touffus,
    Plein d'accords éclatants, de suaves murmures,
    Doux comme un chant du soir, fort comme un choc d'armures
    Quand la sourde mêlée étreint les escadrons
    Et souffle, furieuse, aux bouches des clairons.
    C'était une musique ineffable et profonde,
    Qui, fluide, oscillait sans cesse autour du monde,
    Et dans les vastes cieux, par ses flots rajeunis,
    Roulait élargissant ses orbes infinis
    Jusqu'au fond où son flux s'allait perdre dans l'ombre
    Avec le temps, l'espace et la forme et le nombre.
    Comme une autre atmosphère épars et débordé,
    L'hymne éternel couvrait tout le globe inondé.
    Le monde, enveloppé dans cette symphonie,
    Comme il vogue dans l'air, voguait dans l'harmonie.

    Et pensif, j'écoutais ces harpes de l'éther,
    Perdu dans cette voix comme dans une mer.
    Bientôt je distinguai, confuses et voilées,
    Deux voix, dans cette voix l'une à l'autre mêlées,
    De la terre et des mers s'épanchant jusqu'au ciel,
    Qui chantaient à la fois le chant universel ;
    Et je les distinguai dans la rumeur profonde,
    Comme on voit deux courants qui se croisent sous l'onde.

    L'une venait des mers ; chant de gloire ! hymne heureux !
    C'était la voix des flots qui se parlaient entre eux ;
    L'autre, qui s'élevait de la terre où nous sommes,
    Était triste ; c'était le murmure des hommes ;
    Et dans ce grand concert, qui chantait jour et nuit,
    Chaque onde avait sa voix et chaque homme son bruit.

    Or, comme je l'ai dit, l'océan magnifique
    Épandait une voix joyeuse et pacifique,
    Chantait comme la harpe aux temples de Sion,
    Et louait la beauté de la création.
    Sa clameur, qu'emportaient la brise et la rafale,
    Incessamment vers Dieu montait plus triomphale,
    Et chacun de ses flots que Dieu seul peut dompter,
    Quand l'autre avait fini, se levait pour chanter.
    Comme ce grand lion dont Daniel fut l'hôte,
    L'océan par moments abaissait sa voix haute ;
    Et moi je croyais voir, vers le couchant en feu,
    Sous sa crinière d'or passer la main de Dieu.

    Cependant, à côté de l'auguste fanfare,
    L'autre voix, comme un cri de coursier qui s'effare,
    Comme le gond rouillé d'une porte d'enfer,
    Comme l'archet d'airain sur la lyre de fer,
    Grinçait ; et pleurs, et cris, l'injure, l'anathème,
    Refus du viatique et refus du baptême,
    Et malédiction, et blasphème, et clameur ;
    Dans le flot tournoyant de l'humaine rumeur
    Passaient, comme le soir on voit dans les vallées
    De noirs oiseaux de nuit qui s'en vont par volées.
    Qu'était-ce que ce bruit dont mille échos vibraient ?
    Hélas ! c'était la terre et l'homme qui pleuraient.

    Frère ! de ces deux voix étranges, inouïes,
    Sans cesse renaissant, sans cesse évanouies,
    Qu'écoute l'Éternel durant l'éternité,
    L'une disait : NATURE ! et l'autre : HUMANITÉ !

    Alors je méditai ; car mon esprit fidèle,
    Hélas ! n'avait jamais déployé plus grande aile ;
    Dans mon ombre jamais n'avait lui tant de jour ;
    Et je rêvai longtemps, contemplant tour à tour,
    Après l'abîme obscur que me cachait la lame,
    L'autre abîme sans fond qui s'ouvrait dans mon âme.
    Et je me demandai pourquoi l'on est ici,
    Quel peut être après tout le but de tout ceci,
    Que fait l'âme, lequel vaut mieux d'être ou de vivre,
    Et pourquoi le Seigneur, qui seul lit à son livre,
    Mêle éternellement dans un fatal hymen
    Le chant de la nature au cri du genre humain ?

    · Il y a presque 5 ans ·
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    Aurélien Loste

    • Magnifique! Merci beaucoup. La modeste harpiste que je suis apprécie.

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

    • C'est un plaisir que de se remémorer Victor Hugo, autrement que pour Notre-Dame et la suite de sa trilogie (Les Misérables et Travailleurs de la Mer), lui qui est aussi notre plus grand poète.

      Modeste, vraiment ? Vous publiez aussi vos mélodies ? :-)

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Aurélien Loste

    • Je ne publie que des mots de temps en temps en espérant qu'ils soient mélodieux...

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

    • Douce mélodie
      Idylle, tu dis ?
      Viens, veux-tu, ce soir ?
      Ici, plein de noir :-)
      Nous frôlons le sol
      (L)a, si, do, envol !

      Belle musique
      Ordre rythmique
      Nuage agile
      Île tranquille
      Toit sur la tête
      Au loin, la fête
      Salut, amie !

      · Il y a presque 5 ans ·
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      Aurélien Loste

  • apaisement de la nature dans un monde de brutes.
    se ressourcer est essentiel <3

    · Il y a presque 5 ans ·
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    li-belle-lule

  • Malheureusement, cela existe Divina ! Retourne vite vers tes arbres et sources pures, loin de tous ces mots haineux, formulés sous le couvert de l'anonymat, par certains !!

    · Il y a presque 5 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Oui et parfois même pas d'anonymat! Moi je serais terrifiée et ne dormirais plus de la nuit dans la peur du gendarme...

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

  • Je crois qu'il n'y a aucune naïveté de ta part. Simplement une confrontation brutale avec certaines réalités de la vie. Et quand on ne les supporte pas, tu as raison, il faut s'en protéger et se ressourcer auprès de valeurs sûres. Ces intrusions violentes d'une certaine forme d'expression doivent être écartées pour favoriser la vie. Bon séjour dans tes montagnes, j'en connais le pouvoir réparateur.

    · Il y a presque 5 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

    • Merci Sy Lou...oui, vive les marmottes!

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

  • On dirait une petite fée qui chercherait à vivre dans le monde des hommes

    · Il y a presque 5 ans ·
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    aisling

    • Espérer être une fée manquerait d'humilité mais j'avoue qu'il y a des jours où je me demande ce que je fais là, dans un monde bien trop virulent pour moi. Grosse sensation de décalage...

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

  • Quelqu'un disait "les choses ne sont que ce que les hommes en font". Avant on avait les religions et on constate ce que cela a pu provoquer sur la jugeote de base. Maintenant nous avons les réseaux sociaux et Internet. La barbarie, même si elle n'est pour l'instant que virtuelle, y est sans nom ! Bonne méditation dans la petite chapelle déserte, je vais faire de même et prier pour mes semblables :o)))

    · Il y a presque 5 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Bonne méditation et merci pour votre commentaire.

      · Il y a presque 5 ans ·
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      divina-bonitas

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