Câlins gluants et tarte à la crème - Concours LOL

tetedelitote

C'était le 24 juillet. A une terrasse de café, une jeune célibataire en robe jaune, une fleur bleue dans les cheveux, sirotant un diabolo grenadine, c'était moi. De l'autre côté de la rue, un homme intrigant, cheveux gominés, lunettes noires et moustache, un air patibulaire, tenant nonchalamment sa cigarette du bout des lèvres, c'était toi. Tu t'en rappelles ? Je ne sais plus trop comment, quand, ni pourquoi, je suis tombée amoureuse de toi. J'ai compris que c'était une erreur fatale le jour où tu as essayé de m'amadouer avec cette stupide tarte de Saint-Valentin et ce numéro de tango argentin. Je me souviens de toi, de ton air cochon et de tes câlins gluants, de tes yeux de merlan frit lorsque je me déshabillais devant toi. Je me souviens de ton éclat de rire lorsque je t'ai dit mon premier « je t'aime ». Je me souviens de mes premières nausées matinales, de mes neuf mois d'attente pénible, du jour où, vert de rage, tu m'as annoncé la perte de ton emploi. A moi de m'occuper de Julien, de payer les factures, le loyer, ton abonnement à l'Equipe et tes caisses de bière hebdomadaires. J'ai longtemps cherché la bonne manière de te le dire, mais aujourd'hui, Martin, je n'en peux plus. J'ai d'abord pensé à te coller une balle dans la tête, tellement la colère m'avait rendue folle. Finalement, je me suis dit qu'un mail serait plus diplomatique. Je t'imagine déjà, t'arrachant les cheveux devant ton ordinateur, criant de ton air hautain : « Elle peut trop pas faire ça cette garce ! » Désolée Martin, Julien en a assez d'entendre sa mère pleurer la nuit à cause de son mari immature. J'aimerai clôturer ce courrier par un simple « bisous », mais tu ne les mérites même plus. Adieu, Martin.

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