Caprices des songes...

Emportée par le désordre de mes pensées, mon esprit s’oriente grâce à mes sens, qui ne me laissent que le répit de ces quelques secondes, pour m'éclairer sur mes traces trop présentes. J’accepte depuis longtemps cette intrusion qui obnubile ma raison. Je reste inexorablement battue à chaque visite, car je ne sais comment gérer cette ingérence.

 Trouver les réponses à mes tourments n’est pas chose aisée. Le bien que cela me procure n’est-il pas à la hauteur de cette douleur qui me ronge. Serait-ce cette fameuse dualité qui explose mon corps et mon cœur en deux parties opposées, mais tellement complémentaires ? Je ne saurais juger mon âme, ni lui imposer les résolutions irrévocables. Je réside en moi, pourtant je ne suis que le témoin de mes débordements. Je considère et je guette chaque changement, toutes mes réactions, même les plus imperceptibles qui s’ouvrent à moi. Certaines si douces me donnent ce bien-être tant désiré, d’autres me blessent et abiment cette conscience mise à l’épreuve.

Ma bonne raison ne subsiste-t-elle pas pour corriger mes fantaisies ? Ou est-elle juste animée pour soigner les fêlures de mon âme ? Sans cette tentation si présente, ma raison n’existerait plus, elle ne serait que la légende de résolutions passées. J’impose si souvent mon verdict, mais j’abdique fréquemment et me laisse bercer par ce qui serait susceptible de me complaire à la béatitude.

 Me satisfaire de cette euphorie et me noyer dans toutes ces saveurs si envoutantes n’est-ce pas la réponse à mes questions trop présentes. Laisser mon esprit s’imprégner jusqu’à en être saturé pour peut-être ensuite me libérer, n’est-ce pas la solution à mes tourments ? Serait-il possible de garder ensuite cette abondance dissimulée, cloîtrée, pour continuer à vivre ? où serais je trop souvent tentée de me replonger dans ce tourbillon, pour m’inonder encore et encore de ces songes irréels...

 Vivre dans l’abstrait d’une idée utopique n’est-ce pas encore plus dangereux. Perdre la notion d’une réalité pourtant présente devrait m’inciter à m’indigner. Ce nonobstant, qu’il est bon de se laisser porter, dériver, et aimer chaque nouvelle visite chimérique, qu’il est bon de sentir, malgré ma raison qui m’explique que tout cela n’est qu’un rêve, malgré mon âme qui rebelle de trop de visite, malgré mon esprit, ces trois qui ne font qu’un, qui me hurlent à chaque instant que rien de tout cela n’existe et ne se passe…

qu’il est bon d’être vaincue et soumise à mes propres châtiments.

 J’aime me perdre dans cette concupiscence, je vénère ces débordements qui éveils mes sens, j’honore ces effleurements qui finissent par fouetter mes follicules, au point de sentir se dresser mon duvet comme une réaction à mes égarements, j’adule ces visites oniriques qui savent me montrer cet autre aspect de cette personne très chaste qui envahie trop souvent mon corps, j’aime rêver et me laisser guider par ces œuvres suggestives, même si tout cela n’est qu’apocryphe...