Carré de chez circulaire.

Hervé Lénervé

Je prends un nouveau médicament pour me rendre plus cartésien.

D'ailleurs, ils l'ont commercialisé sous le nom de : « Cartésisme pour les nuls » et franchement, ça marche ! Depuis que j'en prends, je ne délire plus du tout. Je suis carré de chez carré… d'ailleurs, vous avez peut-être pu, vous en rendre compte, vous-même, dans mes derniers écrits, que du carré de chez carré & fils.

Il est vrai que j'ai perdu beaucoup de mes lecteurs, bien qu'ils ne soient pas décédés pour autant… du moins je l'espère… Je pense simplement qu'ils vivent encore quelque part, cachés, bien planqués comme les sales affranchis, qu'ils sont, les traites ! Donc, ils ne viennent plus m'égayer de leurs tendres commentaires bienfaisants pour embellir mirifiquement ma journée.

A présent, je n'écris plus que du vrai de chez Vrai & Cie, homologué certifié par le Lloyd's Registrer, du lourd, du chiant, du pesant et trébuchant.

C'était une copine de mon fils, je la connaissais un peu, sympa, mais toujours dans la galère. Elle me demanda de lui garder une valise de fringues pendant quelques temps, les quelques temps qu'il lui fallait à ramer pour trouver où se reloger. Je n'avais pas de raison particulière pour lui refuser ce petit service, qui se serait méfié ? Comment aurais-je pu me douter que la valise contenait trois cents kilos de cannabis ? Sa conso personnelle. Bien que… je m'étais, quand même, posé la question, comment une jeune fille, si frêle, pouvait porter une valise, si lourde. Bref, trois ans de placard pour recel de produits illicites prohibés et même interdits. J'en sors à peine, ce qui justifie mon long silence sur ce site.

Maintenant, à peine revenu aux affaires, je reçois un coup de téléphone en pleine poire par des amis de l'amie de mon fils qui voulait connaître son adresse. Ils n'auraient pas dû prendre la peine de me torturer, si je l'avais connue cette adresse, je la leur aurais donné pour rien.

J'étais donc en convalescence à me remettre tranquillement, quand je reçois un autre coup de téléphone, mais comme j'avais un peu l'habitude  à présent, je réussis à l'éviter de justesse. C'était mon ami d'enfance, il me reprochait de ne pas l'avoir prévenu pour les obsèques de ma femme, car il l'aimait bien, un peu trop bien, d'ailleurs entre nous...

-         Ecoute, mon pote, tout a été si vite, le coup est parti tout seul et mon fusil n'était même pas chargé, enfin à peine chargé, juste assez pour la tuer sur le coup, la faute à pas de chance ! La justice ne l'a pas vu ainsi, elle a préféré, pour simplifier, qualifier les faits en crime passionnel plutôt qu'en accident domestique. Je reprends, de fait, le chemin d'une petite retraite forcée dans un  monastère d'Etat et dès que j'en sors, je passe un coup de téléphone, derrière la nuque, à mon meilleur pote, puis je l'étrangle avec le cordon ombilical du combiné. Putain de sans-fils !

D'où, je suis à présent, mes pauvres lecteurs, je vous écris pour vous signifier que je ne vous en veux pas de votre défection. Je vous comprends même, car j'en aurais fait autant.

La vérité crue est tellement chiante à relater, d'un ennui à mourir de pleurs.

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