Ce sont les yeux qui voient qui pleurent

Juliet

Je voudrais te dire la vérité,
mais je devrais après cela me taire ;
de toi je deviendrais déshérité,
tu me retrouverais plus bas que terre.
Car c’est ainsi que je suis né,
avant comme un vautour de me poser sur tes épaules.
Les roses ce soir ont fané
et avec leurs épines je leur donne un autre rôle.
Je voudrais bien sûr que tu me connaisses,
mais je ne pourrais ainsi jamais te rencontrer.
Je voudrais tant que quelqu’un reconnaisse
que je suis venu voir le Diable pour le contrer.
Peut-être que j’ai voulu devenir son jumeau,
ce pour ne plus jamais en avoir peur ;
mais c’était dans toute l’ignorance de ces maux
qu’ont recueilli les recoins de ton cœur.
Je voudrais que tu me comprennes
mais ne m’avoue jamais ce que tu as découvert.
Il serait fatal que j’apprenne
que je ne suis rien que ce Mal que j’ai recouvert.
Tu as le droit de me mentir,
tu as le devoir de me tromper ;
je ne veux plus en moi sentir
couler tout le sang que j’ai pompé
depuis chacune de tes propres veines.
Dis-moi pourquoi dois-je vivre au nom de la mort ?
Dis-moi pourquoi je souris de vos peines,
trop cruel et lâche pour avoir des remords ?
Y a-t-il quelqu’un que je mérite d’attendre ?
Y a-t-il quelqu’un qui ne mérite pas mon malheur ?
Y a-t-il une main qui peut un jour se tendre ?
N’y a-t-il personne qui ne s’invente sa valeur ?
Je voudrais devenir bien plus pâle
pour avoir l’air blanc au moins de l’extérieur.
Je voudrais arracher ces pétales
du chrysanthème qui m’avoue inférieur.
J’aimerais parfois n’être plus qu’un corps,
mais alors il me faut me convertir au suicide.
Aux yeux des autres j’ai peur d’être encore
ce vampire qui n’aime pas les Humains lucides.
Moi bien sûr j’adore la lumière,
mais seulement celle qui vous aveugle et perd vos repères.
Bien sûr j’en ai fait mon héritière
même si elle n’a pas le sang qui fait de moi son père.
J’espère toujours mourir après mon enfant,
j’espère toujours survivre avec votre sang,
même s’il m’attaque plus qu’il ne me défend.
Je préfère être malade plutôt qu’absent.
Embrassez-moi si je suis plein de virus ;
ces parasites rongent mon cœur et ma conscience.
Soyez violés si vous m’aimez un peu plus,
soyez ces corps qui ne se donneront qu’à ma science.
Parce que je ne veux connaître la solitude,
j’arracherai vos âmes pour incruster la mienne en vous.
Parce que je ne veux jamais prendre l’habitude
d’être quelqu’un pour qui jamais personne ne se dévoue.
Je voudrais avec toi pouvoir être honnête
mais je suis tellement plus beau derrière mes mensonges.
Pourquoi suis-je né avec ce cœur de bête ?
Pourquoi les princes n’existent jamais que dans les songes ?
J’aimerais tellement t’être un rêve
qui un jour deviendra ta réalité.
Mais il faudrait que je me relève
et je mérite mieux de vivre alité.
Il faudrait que tu me prives de mes forces
car un jour elles feront toutes vos faiblesses.
Il faudrait que tu me prives de l’écorce
qui défend que le chagrin d’un autre me blesse.
Je pourrais devenir quelqu’un de meilleur,
mais il me faudrait pour ça mourir et renaître.
Je pourrais le faire et j'en ai peur d’ailleurs,
et ne m’oublie jamais si je dois disparaître.

(écrit le 29 avril 2012)

  • Dis-moi Bram, tu n'aurais pas vu ma gousse d'ail ? Une rumeur laisse entendre qu'un cousin de Vlad erre ici. Comment " meurs " ?!

    · Il y a presque 11 ans ·
    Image

    Archange Flippé

  • La maîtrise de Laure Alix, au-delà des mots, est qu'elle perce à jour les maux les plus sinistres de l'âme humaine mais aussi les plus beaux...

    Ce poème est selon moi l'un de tes plus magistraux.
    Bravo et merci.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Vkhagan orig

    Victor Khagan

  • Je ne sais pourquoi, j'adore ton genre d’écriture. C'est plein de sentiments et c'est toujours un peu fantastique sans tomber trop dans le gothique. J'adore le fantastique, mais ce n'est que subjectif :)
    Très beau poème.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Weekendplansnewest

    mlleash

  • Qu'on interprète pas mal mon commentaire, je le trouve moi aussi réussi !

    · Il y a presque 11 ans ·
    Mains colombe 150

    psycose

  • le texte n'est pas creux, il est bien fabriquer, l'amour y a sa place côte à côte de la tristesse!

    · Il y a presque 11 ans ·
    Pyry1dhyoryai0xtssnv3g 1  300

    Salvatore Pepe

  • Il y a toujours une ombre étrange derrière tes écrits, peut-être provoqué par des mots redondants tel que " Diable " et " Mal ", " coeur " et " mort "

    · Il y a presque 11 ans ·
    Mains colombe 150

    psycose

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