Chez l'véto

le-fox

- Voilà, Docteur. Mon chat est con.
- Ah ah. Voyons cela.
- Oh, mais c’est que j’ai déjà consulté. Tenez, j’ai les résultats de sa radioscopie, là. Mais ils sont nuls. On m’a dit de lui faire passer une doxographie, aussi. Si c’est pour qu’il la rate aussi, au prix où c’est, merci bien.
- Pardonnez-moi, mais je… vous voulez dire “radiographie“ et “échographie“, je suppose ?
- Tout de suite, les mots… Bon, l’esprit y est, non ? Dites, ça vous embêterait, si je fermais la fenêtre ? Il a peur des fenêtres ouvertes.
- Le bruit des voitures, peut-être.
- Non, non, c’est les fenêtres. Voitures ou pas. Ouvertes, faut qu’il passe à travers. Ensuite, il taille sa route, et pour remettre la main dessus, bonsoir. Heureusement qu’il est con, d’un sens.
- Je vous suis mal.
- Ben si. En général, un chat, ça se démerde, dehors. Ben lui, c’est l’inverse : il se merde, plutôt. Alors du coup, il revient. Parce que bon : il est pas con au point de ne pas savoir où est sa boîte de macédoine, hein.
- Parce que vous le nourrissez de macédoine ?
- Oui, oh ben, si y’a des épluchures de patates, je lui donne aussi, hein.
- Mais enfin, c’est complètement loufoque ! Un chat, ça mange des croquettes, je sais pas, moi. Des boîtes pour chats.
- Oh non, j’ai goûté, c’est dégueulasse. Pis vous croyez qu’en forêt, les chats sauvages, ça en bouffe, des croquettes ?
- De la macédoine non plus, si on va par là.
- Ben si, justement. Parce que bon, je fais des crises d’osmose.
- Des crises de quoi ?
- D’osmose. J’ai du mal à respirer, des fois.
- D’asthme ?
- Si vous voulez. Bon, on s’en fout. Bref, le toubib m’a conseillé des promenades en forêt, au grand air, quoi. Ça me ferait renaître, il a dit comme ça. Enfin c’était ça, ou la cure d’origami à Sainte-Menehould. Bonjour l’ambiance.
- D’origami ?
- Ben oui, il me semble. Enfin quand j’y vais, en forêt, ben je laisse toujours de la macédoine un peu partout. Pour les chats sauvages. Et quand j’y retourne la fois d’après, y’en a plus. C’est bien la preuve qu’ils en bouffent, les chats sauvages.
- Vous auriez plu à Socrate, vous. Question logique.
- Un copain à vous ?
- Si on veut, oui. Mais dites-moi. Un diagnostic commence à m’apparaître, subitement. De façon imperceptible, bien sûr. Mais je crois que votre chat n’a rien.
- Sans blague ? Vous êtes imperceptible, avec ce que vous gagnez ?
- Plaît-il ?
- Le percepteur, il vous prend rien ?
- Euh… si. Bon, rassurez-vous : votre chat est normal. Changez simplement son régime, et tout rentrera dans l’ordre.

- Ah bon ? Je paye rien, alors ?
- Pourquoi ça ?
- Je vais pas payer pour rien du tout. Vous lui auriez trouvé un truc, je payais pour le truc. Je rentre dans un magasin, si je prends un truc, je le paye. Sinon, je paye rien, évidemment. Faudrait voir à pas me prendre pour un con.

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