Conjugaison masculine
Caroline Morello
Je ne sais plus combien d'hommes ont croisé ma route mais je me souviens très bien de la plupart d'entre eux.
Il y avait les imparfaits. Je les aimais et passais outre leurs petits défauts que je découvrais jour après jour et qui finalement, me rendaient malheureuse. La rupture, souvent douloureuse avec ces hommes qui ne voulaient pas faire le moindre effort, était inévitable.
Dans mon ignorance, j'avais pensé que les plus-que-parfaits seraient les compagnons idéaux. Malgré leur perfection, toujours à l'écoute, appréciés de tous, le job idéal, un destin propre tout tracé, ils n'avaient pas réussi à me faire rêver alors j'ai préféré continuer mon voyage.
J'ai croisé quelques passés composés et j'en ai distingué deux sortes : ceux qui ont déjà vécus tant de choses dans leur vie qu'ils n'ont pas eu le désir de s'engager avec moi et ceux qui ont composé avec moi et d'autres femmes. Dans les deux cas, la situation ne m'a pas convenu et j'ai cherché des histoires moins complexes.
C'est là que je rencontrai les passés simples. Des hommes furent de passage, parfois pour une nuit. D'autres restèrent plus de temps près de moi. Nous eûmes des envies communes, fîmes des projets, nous nous aimâmes fortement. Mais les aléas de l'amour passèrent dans le coin et mirent fin à ces belles histoires.
Je repense parfois avec regrets aux conditionnels. Eux aussi peuvent se classer en plusieurs catégories. Il y a ceux que j'aurais pu aimer si la rencontre avait eu lieu à un moment plus propice. Ceux qui auraient pu m'aimer si j'avais été plus à l'écoute, plus présente. D'autres auraient connus mes sentiments si j'avais été moins timorée pour leur dévoiler et nous aurions pu vivre une parfaite idylle. Je ne dois pas oublier ceux qui mettaient tant de conditions à notre relation qu'elle en serait devenue invivable si j'avais accepté d'entre dans leur jeu : "On se voit quand j'ai le temps, quand j'en ai envie", "Je veux être avec toi mais rester libre de voir qui je veux", " Toi et moi ça ne fonctionnera que si tu changes de caractère",… Pour ceux-là, en revanche, je n'ai pas vraiment de regrets.
Les pires spécimens que j'ai pu rencontrer sont certainement les impératifs. Sauf que bien évidemment, leur impératif dans la vie, ce n'était pas notre histoire. Me sentir reléguée à la fin d'une liste de priorités chez un homme m'a souvent fait perdre confiance en moi et verser beaucoup de larmes. Parfois, les impératifs ont un langage particulier, très succinct : "Laisse-moi !", "Arrête de pleurer !", "Aime-moi !", "Quitte-moi, je ne suis pas fait pour toi !". C'est ce que j'ai fait.
Aujourd'hui, il y a le présent. Il est là, c'est tout récent, je ne peux donc pas vous en parler pour le moment. Je ne peux pas, et ne veux pas, savoir s'il sera encore présent dans mon futur ou si je devrai emprunter une fois de plus un autre chemin à la recherche de futurs amoureux.
un texte superbe!!! j'adore... cinq coeurs!!!
· Il y a presque 14 ans ·thelma
ce texte est superbe, parfait, je dirais même : plus que parfait !
· Il y a presque 14 ans ·Joelle Eymery
Fais-en un présent de chaque instant ...
· Il y a environ 14 ans ·Magnifique ...
archangelia
@Kô : il fait désormais partie des passés simples...
· Il y a environ 14 ans ·Caroline Morello
tous les temps conjugaux .. une ecriture bien agréable
· Il y a environ 14 ans ·merci
ristretto
J'espère qu'il est toujours présent! Je suis enchantée de te lire
· Il y a environ 14 ans ·ko0
Très sympathique ton petit texte, il retrace parfaitement les aléas de la vie amoureuses, les différents spécimens d'individus que l'on peut croiser durant ses pérégrinations sentimentales. Mais puisse le présent t'apporter quelque chose que tu n'as pas encore vu et qui saura te surprendre.
· Il y a plus de 14 ans ·kira