DE FEU ET DE FEMME

mysterieuse

Jade venait de se débarrasser le plus courtoisement possible d’un certain Romain. Ce type avait dépassé les bornes. Il puait le dragueur invétéré, il était beau à vaciller, une plastique parfaite avec une connerie proportionnelle à son esthétisme …Mais pour autant, il était délicieusement séduisant pour peu qu’on ne fasse pas projet d’avenir. Comment avait-elle abouti ici ? Un concours de circonstance, mais pas que ! Sa curiosité et le gout du mystère avaient fait le reste. Lorsque sa colocataire lui avait demandé de la remplacer au pied levé pour une soirée mondaine un peu particulière, elle avait hésité un instant avant d’accepter ! Une seule contrainte pourtant …le temps de cette bacchanale elle porterait le doux prénom de Jade et un loup sur ses yeux.

L’endroit était coquet , presque insolite dans le luxe des pièces consécutives , bibliothèque armée des plus beaux manuscrits , juxtaposant des Chesterfield haut de gamme , des cristaux de Baccarat aux cotés de Whiskys sans âge  à l’image des  propriétaires des lieux …Tout était presque parfait , pour une jeune et exubérante femme comme elle. Ce décor de la haute bourgeoisie alimentait sa latente lubricité. Il ressemblait à l’ambiance de ses romans, propice à une nuit riche en frivolités dans un lieu qui ne transpirait guère que la rigidité. Depuis trop longtemps, elle avait perdu son inspiration. Ses prophéties érotiques s’étaient étiolées l’enfermant dans un monde stérile de lubricité, un monde de verve sans voix, de souffle sans poésie ou encore de baise sans amant. Mais cela n’avait que trop duré et l’envie d’écrire et de baiser la titillait à nouveau. Jade avait pour habitude de nourrir ses écrits de tableaux vivants. Elle se baladait donc, l’air arrogant derrière son loup vénitien, décalé dans ce décor So British, à la recherche de quelques codes sensuels capables d’aiguiser enfin la pointe de son crayon.

La décoration, luminaires d’un autre siècle, tentures moirées, les matériaux, acajou et bois précieux, imposaient plus l’ambiance d’une enquête policière digne d’Agatha Christie, à moins qu'’elle n’invente une version plus légère du célèbre Cluedo  .Mais qui est donc ici coupable de lubricité ? Excepté, le sourire Ultra Brite de Romain qu'’elle avait gentiment envoyé balader quelques instants plus tôt et ses quelques groupies, elle ne voyait guère, tout sexe confondus, d’âmes susceptibles d’argumenter un synopsis érotique qui tienne la route. Pourquoi donc s’était-elle imaginée participer à une partie fine ? Le loup sans doute et la consonance sensuelle de son prénom d’un soir. 

Dans cette assistance, savant mélange bourgeois de convives triées sur le volet, rien ne laissait pressentir une quelconque dérive .Jade entre déception et apaisement étaient prête à quitter l’étrange ambiance de cette soirée, quand son regard fut soudain attiré par un homme plus séduisant que beau d’une cinquantaine d’années.

Il était temps qu’elle entra en scène et de la plus belle des façons. Se saisissant d’une coupe de Champagne passant à sa portée sur un plateau d’argent, elle se frayait un passage remarqué au milieu des hôtes chuchotant. Il était impossible qu’elle passât inaperçue. Pour l’occasion, la coloc de Jade l’avait habillée d’une robe des plus délicieuses. Point de décolleté exagéré, point de couleur extravagante, non il suffisait juste de ne pas tourner le dos aux invités. Le détail assassin résidait dans l’échancrure dorsale .A ce niveau, ce n’était plus une échancrure, mais un pousse au viol. Toute lingerie s’était avérée illusoire sous le soyeux du tissu. Elle était nue et vulnérable, et surtout terriblement excitée par la situation.

L’homme s’approchait d’elle avec assurance, obscurcissant, d’un froncement de sourcil mi inquisiteur, mi accusateur, son caractère déjà en apparence autoritaire

« Permettez que nous fassions connaissance autour d’un verre ?

-Nous avons déjà le verre, faisons connaissance !

-Rebelle ou craintive ?

-Pardon ? Ni l’une, ni l’autre !

-Alors suivez- moi »

Il se glissait derrière elle, et l’entrainait résolument vers une lourde porte à double vantail ! Elle avait imaginé découvrir un salon privé à eux seuls réservé, mais c’était sans compter sur le caractère subversif de son hôte. Un lupanar bourgeois accueillait sa visite d’écrivain érotique en manque de lubrique. Des corps enchevêtrés s’adonnaient en toute impudeur au plaisir de la chair sur de pourpres sofas, ou encore à même les tapis devant l’âtre flamboyant d’une vaste cheminée. Devant ce tableau orgiaque, ses vieux démons la titillaient lui ordonnant la spontanéité d’une démarche lascive. Une soudaine envie de se jeter à corps perdu dans le plaisir lui dictait le moindre de ses gestes. Ses fantasmes du moment débordaient sa raison. Elle avançait avec hardiesse vers un bureau de ministre déjà occupé d’une croupe magnifique en train de se faire explorer par un laquais masqué, au service de ses dames. Jade, dans son sillage, abandonnait un à un ses longs gants de satin noir. Son collier de perle rejoignait un peu plus loin, sur un ton plus sonore, le parquet déjà jonché de ses vestiges féminin. Sa robe n’y résistait pas, elle glissait sur ses chevilles avant de se voir abandonnée et enjambée. Le mystère du grand bureau l’attendait. Jade, aiguilles- bas sans dessous, s’allongeait sur le bois glacé s’offrant, en toute liberté, à des hommes sans tête, avides de découvrir la tiédeur de son sexe. Ses cuisses s’entrouvraient, s’ouvraient comme un fruit mur et juteux appelant en silence et soupirs étouffés à des doigts anonymes, pertinents et dotés d’hyper sensibilité. Elle baissait son regard avant que de le clore, attentive à la moindre respiration capable de l’emporter. Un désir irrépressible de se faire prendre bestialement alimentait à présent ses veines de femme sous sortilège, embrasait ses fesses, charnellement posées sur le bois précieux de l’austère mobilier et ses longues cuisses gainées de soie et de cyprine.

Pierre, maitre des lieux et de cérémonie, subjugué par l’adorable libertine en la personne de Jade récupérait les vestiges de l’effeuillage avant de les déposer sur le bois laqué d’un magistral piano à queue. Épicurien de la première heure, il aime à se promener au milieu des convives, tel un maraudeur d’images et d’émotions toujours avides de nouvelles sensations. Dans cet antre lubrique où il se délectait des soupirs, gémissements et autres souffles érotiques, il n’avait d’yeux que pour Jade, face à lui, cette femme à peine vêtue de bas et d’escarpins à très hauts talons, qui par le leu des miroirs jouait une diabolique multiplicité.

De son regard assassin, il scrutait avec une insistance démoniaque le bas des reins de la belle gourmande, ne perdant pas une once de la volupté de son bassin dont le balancement féminin hautement cambré témoignait d’une envie de se faire prendre sans sommation. Quelle diablerie l’emportait, il était envouté par cette chatte miaulante soudainement avide de stupre. Elle distillait dans ses veines, de façon insidieuse, au même rythme qu'’un goutte à goutte, la sublimation du désir. Fallacieusement, elle l’avait enfermé dans un labyrinthe, plongeant ses yeux audacieusement imprécis dans les siens, alors qu'’elle se laissait caresser, pénétrer par des doigts indifféremment masculins ou féminins, qu'’elle se laissait dévorer ses petits seins meurtris de plaisir par des bouches avides. Il était la cible de ses regards démultipliés par les jeux miroitants, ses regards effleurants, coulissants, dégoulinant de plaisir, jaillissant de ses chairs les plus intimes. Ses pensées les plus secrètes transpiraient de ses yeux. Elle avait reconnu en lui, il en était certain, le voyeur, le candauliste , maitre et complice du plaisir qu'’elle consommait . Il décidait de lui accorder avec indulgence le rôle de sacrifiée un court instant. Il s’éloignait, feignant l’indifférence, jetait une buche dans l’âtre et incendiait le périmètre théâtral de la débauche d’une lueur satanique. L’instant d’après alors que Jade se perdait dans le plaisir, son corps agité des assauts virils du laqué masqué, autoritairement, il arrachait la femme à l’amant fugace. Il habillait succinctement sa nudité de la robe abandonnée, autorisant aux regards environnant, les codes de sa perversion, son sexe en perdition, ses ailes déployées et ses seins aussi durs que ceux d’une statue de marbre. Puis il s’installait confortablement dans un fauteuil face à elle

« Caresse toi pour moi, et regarde moi quand tu le fais .Je veux voir ton regard défaillir sous ton plaisir, alors seulement, je te donnerai ce que tu réclames avec autant d’insistance dans le reflet de tes yeux verts …Je te baiserai avec toute l’impudeur que tu mérites. Tu es femme à baiser ! Alors Baise-moi de tes envies d’amantes délurée, fais mon bander de ton plaisir»

Elle glissait sa main entre ses cuisses, son regard assassin plongé dans celui de Pierre. Il bandait !

La pudeur n’était plus de mise lorsque Romain pénétrait dans la pièce .Il se dirigeait naturellement vers un petit groupe d’hommes masqués prêtant avec générosité toutes leur attentions à deux superbes créatures dont la bisexualité n’était plus à démontrer. La sensuelle provocation, argumentée de baisers et caresses ciblées par les deux louves dévouées corps et âme à leur plaisir reflétait aux yeux du séduisant garçon une incantation orgasmique. Troublé, mais pas convié, il poursuivait sa découverte …Plus loin sous le regard admiratif et lubrique du Maitre des lieux, une femme offrait le plus beau de ses émotions. Ses doigts curieux et orgueilleux s’appliquaient à révéler son sexe, l’essence même de son plaisir dans une jouissance rare, intime, très intime. Elle était spectacle érotique, le corps en transe, cuisses largement ouvertes, béatitude incontrôlée, regard pervers disséminé sous l’éclat vert de ses yeux dévoyés. Bouche entrouverte, lèvres impures, doigts imprégnés de son désir de turpitude, ses reins cambrés, ses seins tendus, paroles obscènes et ingénues sillonnaient le chemin de sa concupiscence, celui d’une catin obéissante ou d'une femme éperdue.

Frissons mêlés, muscles bandés…, plaisirs et froidures. Entre culpabilité et désir, Romain arrachait cette femme qu'’il reconnaissait à présent, Jade, à son orgasme solitaire éblouissant, sans condamner pour autant son errance érotique .Il l’enveloppait de ses bras et l’emportait fiévreuse et encore possédée d’un rythme cardiaque étourdissant, devant les flammes incandescentes de l’âtre. Ondulante sous les baisers morsures dont il l’assaillait, elle avait tôt fait de le piéger à la subtilité de ses propres dérives. Jade enlaçait son bassin de ses longues cuisses ; de prédateur qu’il était, elle en faisait sa proie. Sur son front perlaient déjà l’affolement de son ventre. Il aimait sa domination. Sa queue courtisane encore prisonnière des tissus et d’une ceinture assassine, ultime bastion avant l’assaut, exaltait son plaisir de se faire dévêtir sous le regard perverti de partenaires potentiels. Elle promenait sa main sur le tissu torturé, recherchant l’inflation de sa tige d’amour, le mortifiant pour un tel châtiment .le temps était venu de libérer l’obélisque de chair. Impatient du plaisir à récolter en elle, il laissait s’échapper, son sexe turgescent avec la féroce envie de la culbuter sans préavis .Mais il le savait, le devinait, le lisait dans le regard de Jade. Elle allait le baiser. Diaboliquement excitée par la délégation lubrique environnante, jouant d’impudeur et de maléfice, elle s’empalait doucement, jusqu’à la garde sur son pieu fièrement dressé. Dégoulinante de plaisir jusque dans son bas ventre, elle entamait une spectaculaire danse digne d’un sabbat érotique. La traitant de putain ou encore de vicieuse, il donnait le tempo à ses déhanchements, alternait la cadence de son pieu coulissant devant une assistance aux regards incendiaires, avide d’un partage d’une telle cavalière  

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