de Wislawa Szymborska
mada
Dans les wagons plombés
Des prénoms traversent la contrée
Mais jusqu'où ils voyageront,
Si un jour ils descendront,
Je n'en sais, je ne vous dirai rien.
Prénom Nathan cogne contre la cloison,
prénom Isaac hurle et chante sa folie,
prénom Sarah pour deux gouttes d'eau supplie,
puisque se meurt de soif le prénom Aaron.
Ne saute pas dans le vide, prénom David.
Ce prénom te flétrit pour la vie,
Ce prénom on ne le donne à personne,
C'est trop lourd à porter par ici.
Que ton fils porte un nom slave et blond
Car ici chaque cheveu on recense
Car ici on sépare le bon grain de l'ivraie
D'après tes paupières et d'après ton prénom.
Ne saute pas. Que ton fils s'appelle Lech
Ne saute pas, Ce n'est pas encore l'heure.
Ne saute pas. La nuit rit aux éclats,
Et ricanent les wagons sur la voie.
Un nuage humain passe sur le pays,
Grand nuage, et une lame pour toute pluie,
Petite pluie, rien qu'une larme, quelle sécheresse,
Et les rails dans le noir disparaissent.
C'est comme ça - fait la roue. Pas de clairière
C'est comme ça _ train de cris à travers bois,
C'est comme ça - dans la nuit, je l'entends.
C'est comme ça - le silence cogne le silence.
Fleuve d'Héradite - 1957 - traduction christophe lezewski et isabelle filarska
et le magnifique Kaddisch de Ravel par Yehudi Menuhin
Un texte poignant, que je connaissais...
· Il y a presque 5 ans ·déjà ces deux vers portent toute la tragédie et le silence complice qui a accompagné la déportation:
"train de cris à travers bois,"
"le silence cogne le silence."
-
sur la même thématique j'avais il y a longtemps écrit "https://ecritscrisdotcom.wordpress.com/2012/05/22/trains-sans-retour-rc/"
rechab
??? ??? ???
· Il y a presque 5 ans ·Edgar Allan Popol
Et la musique pleure...
· Il y a presque 5 ans ·Louve
Emouvant !
· Il y a presque 5 ans ·Louve
merci Mada
· Il y a presque 5 ans ·Susanne Derève
merci
· Il y a presque 5 ans ·Gabriel Meunier