Descente

patrizia

Impossible de te relever, t’en tiens une bonne ! une énième bière que tu n’as pas eu le temps de boire se répand dans le caniveau, la bouteille roule et stoppe sa course contre ta main.Tu t’es vu mon gars, de plus en plus lamentable tu sais ! tu voulais impressionner cette petite nana percingée de la tête aux pieds, alors tu vidais shot de vodka sur shot de vodka, au début elle se marrait, elle t’accompagnait même mais t’as été un peu trop collant, t’as commencé à l’agripper, la toucher de trop près, alors elle s’est barrée avec ses potes et comme tu la traitais de pute, tu t’es mangé un bourpif par l’un d’eux et t’as fini tout seul là. Et le patron va encore appeler ton frère qui va appeler ton psy qui va t’appeler, enfin quand tu seras en état d’aligner deux mots. Décidement, t’y arrives plus, tu sais plus comment te comporter même avec une gamine qui joue les rebelles, toi qui as passé l’âge des gamineries, tu souris jaune oui, et pourquoi tu ferais pas le gamin, hein ? tu fais ce que tu veux d’abord, c’est ta peau, c’est ton chemin, ton chemin de croix, ça te fait pouffer ça le chemin de croix, tu galères, tu galères pour le job, tu galères pour l’amour, l’amour, d’ailleurs, quel amour ? pas de femme dans ta vie, elles se barrent toutes, elles comprennent rien, elles savent pas comment tu fonctionnes, parce que tu bois, tu bois trop, parce que ta peau est marbrée de dessins, parce que tu récites entre deux verres des bribes de poèmes, parce que tu parles de ton psy, parce que… parce que tu es toi, et merde alors, c’est ça, foutez le camp, laissez moi crever dans mon caniveau, m’en fous d’abord…

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