Dick.(1)

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Il suffirait de faire déborder un peu la mer pour que l'océan soit plus proche de la route de mes vacances.

L'an dernier Betty m'avait offert pour mon anniversaire un stage de survie, « Pour si jamais notre couple ou un imprévu ! »  avait-elle ajouté. J'aime pas trop les cadeaux- surprises, mais là, j'étais bien obligé de m'y coller : l'imprévu étant une situation dont on ne connaît précisément ni la date, ni l'heure !

Durant le stage l'on m'a bien fait comprendre que je ne pouvais compter que sur moi-même, que toute approche de 'l'autre' était interdite, puisque 'l'autre' symbolisait le pourquoi de ce que j'étais venu chercher ici : « Vaincre ton ennemi avant que ce ne soit lui qui t'écrabouille la gueule ! » avait ajouté la formatrice.

 « Bon moi c'est Isabelle, mais pour vous ça sera Isa ! D'accord ? »

 « D'accord ! »

L'Isa avait une queue de cheval qui retombait jusqu'à son cul, et des Ray-Ban de modèle Aviator, comme celles de Tom Cruise dans Top Gun. Une épaisseur de sentiments proche du zéro, la rendait difficilement pénétrable. L'Isa sans doute avait déjà du faire une guerre parce qu'elle se déplaçait toujours en regardant à droite puis à gauche, ou avait-elle échappé à un accident de voiture en traversant ?

A mon arrivée, l'Isa me tendait le règlement de base et mon nécessaire de toilette. Dans le premier était stipulé qu'il me fallait me méfier de tout et dans le second, méticuleusement bien rangés dans une serviette camouflage : une savonnette à l'huile d'argan et au muguet, un Bic double-lames, une brosse à dents et un tube de Colgate fraîcheur menthe.

A 6 heures du matin, à l'heure où mon sexe se développe de façon continue, l'Isa jouait de la trompette dans les couloirs. Robert de chambrée et pour qui ce stage représentait un quitte ou double sur la vie, terminait de croire encore à la poupée en essuyant ses mains sur un ouvrage dont le premier mot de titre avait été effacé par usure : Robert lisait Dick, d'Herman Melville.

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