Djerba la douce

eleanor-gabriel

Sous les palmiers sereins au feuillage éventail
L'ombre chaude transpire ses huiles d'airain
Et les allées tressées tel un vivant portail
S'emplissent de henné et d’odeurs de jasmin
 
La cigale crissante à son tronc palissée
Fait vibrer l'air et noie nos tympans de frissons
Tel un archet strident sur des cordes figé
Transperçant là l'écorce ananas des troncs

L'eau docile chatoie de son vert  de cristal
Dans les piscines claires aux rayures d'or pâle
 De dessins abyssins et losanges d’éther
Elle décore ses fonds sans étoiles de mer

Par cette  infirme armure au soleil vieillie
Qu'est notre peau de ville la chaleur sévit
Par-delà les grands murs de ces hôtels dorés
Des cités de chaux blanche et bleue servent le thé

Près de là le tajine au poisson se prépare
Et l'amphore huilée oint la figue barbare
La graine et le poisson dans des plats apprêtés
Se mêlent au piment et aux câpres salées

S'abandonnant au soir comme une récompense
Au café maure du coin où se fume la chicha
Un homme en djellaba goûte avec insouciance
Le thé menthe sucré dans un verre de pacha

Dans la nuit de sommeil de cette île endormie
Les calèches se taisent et leurs sabots s'ennuient
Au réveil pourtant les taxis jaune citron
 Dans les souks  marchands sans répit fileront

Eleanor Gabriel

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