Du temps où les hommes vivaient ensemble
enzogrimaldi7
Alors, c'est ainsi que la bataille s'était finie. Les envahisseurs avaient exterminé les autochtones pour reproduire quasi à l'identique leur schéma de vie poussant le vice jusqu'à baptiser les villes du même nom que celles de leur pays d'origine, faute d'imagination.
Depuis, à Yucatapa, le béton a recouvert la terre mère et des tours arrogantes cachent le soleil à quelques arbres et à des millions de mines blafardes flanquées d'écran d'une platitude perméative. Les signaux de fumée ont disparu au profit de messages tronqués sur des sites "d'amis'' où les pires trahisons se fomentent.
Les relations entre les humains, qui plus est promues par l'individualisme, s'évanouissent dans des labyrinthes virtuels. L'écriture en pâtit : on écrit surtout sur soi-même comme une sorte de constante auto-analyse parsemée de "self congratulation". Les « rencontres » se font essentiellement avec des collègues de travail, ou des fantômes du passé, façon comédie musicale.
On ne sait plus vivre ensemble. À peine se retrouve -t-on dans des fêtes des voisins où l'on essaye de reproduire le principe de communauté dévoyé dans un ''bonheur'' factice, mais le tableau ne montre qu'une juxtaposition d'individualités affublées de téléphones greffés à leur main.
C'est donc cette pâle caricature qui supplante l'harmonie du savoir-vivre des amérindiens chez nos semblables de l'Ouest d'où nous vient notre nouvelle forme d'être. Avec une contradiction inquiétante: dans l'ère du zapping et de l'éphémère, nous nous installons comme si nous étions éternels alors que rien ne dure.
Et ce leurre en entraîne d'autres comme notre incapacité à communiquer malgré tous les moyens mis à notre disposition qui ne servent à déverser que des inepties. Que les optimistes crédules se rassurent : voir le monde, tel qu'il est, fait souvent mal, mais il nous apporte aussi de quoi nous fendre la gueule en permanence, c'est juste que des fois on ne sait plus trop s'il faut rire ou pleurer.
Les indiens, eux, bien que considérés comme primitifs, avaient compris notre éphémérité et s'en accordaient à merveille : les névroses morbides sont apparues au Moyen-Âge, depuis que l'on s'est évertué à rejeter ce principe de base, ce qui nous a conduit à scénariser notre fin de façon funèbre.
Ainsi nos frères rouges passaient d'une région à l'autre avec tout leur barda qu'ils déménageaient en deux temps trois mouvements, libres, ils allaient là où les menait le vent. Mais chaque fois qu'ils s'installaient, c'était dans le respect de l'environnement, tout en faisant corps avec les éléments.
Nous autres touristes, nous venons, nous prenons des photos et nous repartons. L'idéal serait de toujours pouvoir s'intégrer quelque temps sur le lieu de visite, se mélanger aux autres, travailler, créer des liens, laisser une empreinte.
Les liens culturels de la communauté indienne sont constitués d'apparats dont le scalp, témoin de cruauté. Mais le scalp n'est pas que l'apanage des Peaux-Rouges puisque les Scythes ont aussi pratiqué ce rite symbole de l'appropriation de l'ennemi.
Outre que les nouveaux Chamans ne savent plus scalper, ils ont perdu le sens de l'orientation. Ils guident la planète à l'envers et celle-ci dépérit. On comprend mieux pourquoi certains individus ont sacrifié les gardiens indiens du temple afin d'exploiter, au point de la rendre exsangue, ce qu'il leur était interdit de toucher: la Terre Mère.
Qu'importe les hommes qui passent. L'Esprit n'a qu'à souffler sur eux et ils ne seront plus. Alors les fils de la Terre reprendront possession de la Terre. Et les temps passés redeviendront nouveaux.
2019
https://www.youtube.com/watch?v=554XmLUXydU&list=LLGyCCpBONeMK36cAN-aeXMg&index=1
cf La Société du Spectacle de Debord
· Il y a plus de 5 ans ·anna-c
Flatteuse comparaison. Merci.
· Il y a plus de 5 ans ·enzogrimaldi7
"on ne sait plus trop s'il faut rire ou pleurer."
· Il y a plus de 5 ans ·pleurer.... c'est certain
anna-c
Constat amer Enzo, de l'évolution de notre société ...
· Il y a plus de 5 ans ·marielesmots
Oui. Il est révoltant de constater qu'une certaines catégorie d'humains a changé de force le cours de l'histoire pour le sidérant résultat que l'on connait.
· Il y a plus de 5 ans ·enzogrimaldi7
Il paraitrait que c'est mode des attrapeurs de rêves….mais il y a tant de plumes dans la réalité, qu'importe la rosace sans de points de suspensions!! ;0)
· Il y a plus de 5 ans ·flodeau
La fabrique des imposteurs voulez-vous dire.
· Il y a plus de 5 ans ·https://youtu.be/2FEtiA18lZU
enzogrimaldi7
Je suis la première heureuse de vous dire que le travail social contourne ce qui parait être écrit, parfois, quelque humaniste direction contourne dans de flous horizons une commande incroyable...et ça marche! ;0) certains disent merde aux modèles économistes, c'est le facteur humain en de bonnes mains….mais vous avez raison de le dire,ce sont des imposteurs dans leur mission première, mais des précurseurs vainqueurs d'un certain avenir!
· Il y a plus de 5 ans ·flodeau
En osmose avec votre texte. Perso, plus je vieillis, plus je me renferme sur moi même et mes convictions. Mais est ce la solution ?
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Revenez un peu ferrailler dans le coin, ça manque de textes qui envoient des gifles.
· Il y a plus de 5 ans ·enzogrimaldi7
Merci beaucoup ! Mais je crois que j'ai déjà tout ferraillé ici ;o)
· Il y a plus de 5 ans ·daniel-m
Je vous engage à lire La saison de l'ombre par Léonora Miano.
· Il y a plus de 5 ans ·Sy Lou
Et si je réponds à cet engagement, qu'est ce que je gagne?
· Il y a plus de 5 ans ·enzogrimaldi7
La traite négrière vue par ceux qui restent au village africain et ne comprennent pas de qu'il leur arrive lorsque disparaissent les forces vives de la tribu. Une réflexion sur les croyances animistes pour survivre.
· Il y a plus de 5 ans ·Sy Lou
Les peaux rouges étaient des verts.
· Il y a plus de 5 ans ·Lire "Mille femmes blanches." de Jim Fergus. :o))
Hervé Lénervé
Pas pu constater ça mon gars: le film était en noir et blanc.
· Il y a plus de 5 ans ·enzogrimaldi7
Oh, dommage ! ;io))
· Il y a plus de 5 ans ·Hervé Lénervé