D'une étoile t'en fait une balafre
parismrs
J'étais là depuis quelques minutes, pourtant ça ne changeait pas grand chose, tout me filait entre les doigts.
J'avais roulé quatre heures, de nuit, dans le silence des départs, la gorge crispée de larmes, à ressasser des choses qui ne s'oubliaient qu'à moitié, j'étais arrivée là, l'aube s'en allait déjà.
La tristesse de septembre tu m'en avais parlé, souvent, sans que je ne la mesure vraiment, tu disais que c'est à ce moment-là que les rencontres deviennent souvenirs, je crois que je sais maintenant.
J'ai choisi le bar du centre, j'y voyais tout, mon café encore fumant, j'ai écouté octobre éternel et silencieux et je me suis dit que je reviendrai toujours ici. Paul est venu, j'en étais pas sûre pourtant, il pouvait encore changer d'avis pour les années qui nous avaient séparés. Paul est venu.
Paul a le sourire de ceux qui osent à peine, plutôt au coin des yeux, ses lèvres presque intactes s'étirent peu, mais ses tempes s'éclatent en une dizaine de grandes rides. J'ai l'impression qu'il a toujours été comme ça, qu'il a toujours gardé un tas de choses pour lui, la discrétion établie dans chacun de ses gestes, la voix jaunie par le temps et beaucoup de rires laissés derrière lui.
On a passé la journée entière assis à cette table, je crois que lui comme moi en avions besoin, il avait changé, un peu, grandit sous l'insistance des années allongées sur sa peau.
On a parlé juste ce qu'il faut, c'étaient des retrouvailles intenses et discrètes, il n'a pas cherché à savoir ce que ma vie était devenue, ni même ce que je foutais là de nouveau, je crois qu'au fond il le savait et que finalement ça n'avait pas vraiment d'importance.
En fin de journée, il m'a proposé d'aller faire quelques pas dans le champ de pommier, on a repris le chemin d'autrefois, on a marché longtemps et encore après, les dernières lumières du jour venaient s'aplatir sur ses épaules et moi je me sentais déjà moins lourde, sans s'arrêter, il a relevé la tête vers moi quelques secondes, puis il a fait ce truc avec son sourire et il a dit presque sans que je ne l'entende : tu sais toujours être ici et ailleurs à la fois, t'as toujours fait ça, éclater toutes ces choses dans tes yeux, une brisure encaissée, d'une étoile t'en fait une balafre.
Wahou ! la dernière phrase est juste à tomber !
· Il y a environ 10 ans ·Perrine Pont
La fin est absolument sublime... Touchante et délicate en même temps. J'adore !
· Il y a environ 10 ans ·mamzelle-plume
Merci beaucoup :)
· Il y a environ 10 ans ·parismrs
que c'est beau ta fin...
· Il y a environ 10 ans ·Christophe Paris
Merci beaucoup :-)
· Il y a environ 10 ans ·parismrs
J'ai l'impression que celui-ci et Jusque dans ma bouche sont connectés. En tout cas on retrouve une voix similaire, la continuation d'une belle histoire confrontée au retour a la vie normale. tres fort. merci
· Il y a environ 10 ans ·jasy-santo
Merci, je crois qu'au fond c'est parce que j'ai tendance à tjrs mêler un quotidien qui m'ennuie avec des instants passés, :-) je te remercie de tes coms toujours très riches pour moi et j'espère bientôt pouvoir lire un de tes textes
· Il y a environ 10 ans ·parismrs
Votre beau texte fait étrangement écho à celui que je viens de publier "TOI" - que je vous invite à lire du coup :))
· Il y a plus de 10 ans ·izaborkine
Un ami qui te connais bien!!! Très beau texte, nostalgique et tendre... Kiss
· Il y a plus de 10 ans ·vividecateri
Merci Vivi !
· Il y a plus de 10 ans ·parismrs
C'est très dur et c'est très doux, ce petit moment d'apaisement entre deux tempêtes.
· Il y a plus de 10 ans ·Merci beaucoup pour ce sourire doux-amer :)
loua
Merci beaucoup !
· Il y a plus de 10 ans ·parismrs