En quête de bonheur
nouontiine
En quête de bonheur
Chaque jour se lève et le trouve avec cette pression
Qui, comme une obsession, cogne dans sa tête sans compassion
Peur d’être entré dans la vie par effraction
Et de souffrir d’un manque certain d’affection.
En manque de connexion, il se nourrit d’illusions
Pour ne pas céder à l’exaspération.
En manque d’oseille, en manque de ciel, en manque de soleil
Il aimerait se consumer à la chaleur d’un sourire
Et partager ainsi peu de miel
Quand seul le fiel semble avoir empli sa vie.
Il a peur. Peur d’être dans l’erreur
Il erre sur la surface de cette terre comme un pauvre hère privé d’air
Et dans son regard noir pétri d’espoir
Pointe l’amertume d’une vie régie par le manque de thunes
Las d’arpenter le bitume en quête de fortune
Il veut croire, le coeur empli d’effroi
Qu’il peut encore recommencer sa vie
Sans bruit, sans cris et surtout sans mépris.
Il a peur. Peur de rater le train du bonheur
En quête de prospérité, il avance avec persévérance
Mesurant les conséquences
De son incapacité à faire des révérences.
Faute de père, il est en manque de repères
Et voudrait échapper à cet environnement délétère
Il a peur. Peur de céder à ses émotions
Et d’entrer en guerre pour libérer sa frustration.
Sa rancoeur, il la porte sur son visage comme on dresse un étendard
Et au-delà de ses incartades
Il a cessé d’être bavard
Il arpente le monde à tâtons et parfois même à reculons
Poursuivi par cette amertume
Qu’il revêt parfois comme un costume
Et s’obstine, l’esprit meurtri
À taire ses cris, la bouche aigrie
Quand, de douleur, il ne parvient à mettre des mots
Sur la violence de ses maux.
Il veut vivre et réapprendre à rire
Cesser de survivre et déguerpir
Pour ne pas s’éteindre dans une vie sans fioritures
Le regard fier et la bouche amère
Il avance avec colère à défaut de candeur
Un jour, un frère d’infortune au sourire affable
Vint lui conter une fable pour être aimable
Il lui révéla l’existence d’une fleur rare
Dont la sève aurait le goût du bonheur.
Notre homme parti aussitôt à sa quête
Priant qu’elle puisse accéder à sa requête
Mais au fond de lui-même, il a peur
Terriblement peur de ne pas être à la hauteur de ses rêves.
Sans trêve, il marche
Il marche à sa rencontre à elle
Elle, vagabonde et belle
Lui, poursuivi par la nuit
Comme un élixir de jouvence, elle sied, quelque part
Tandis qu’il peste, à la recherche de l’improbable
Obstiné, il refuse de se laisser porter avec indolence
À travers cette existence pleine d’incohérences
Et poursuit son but avec constance
Conscient de ne pouvoir rentrer le regard avide et les poches vides
À l’instar de ses frères qui, de désespoir
Martèlent les trottoirs tous les soirs
Le coeur débordant d’angoisse et l’esprit hanté par le vide, perfide
Aussi, il tente d’apprivoiser sa solitude
Lassé par ce goût amer que laisse les rencontres éphémères
Et sans état d’âme tire un trait sur la femme
Parce qu’au final, son coeur pleure
Sans jamais recevoir de fleurs.
En proie à cette angoisse que rien n’atténue
Il poursuit sa quête vers ce bonheur ténu
Parce qu’entre rêver et crever
Seule une lettre marque la différence
Entêté, il s’essaye à rire pour éloigner la galère
Contre laquelle souvent il déblatère
Et tente de retrouver le sourire
Pour enfin commencer à vivre
Cette vie qui semble se refuser à lui.
Il poursuit donc son errance, le coeur rance
Mais espère - sans guère d’alternative
Échapper à la dérive et joindre cette autre rive
Où brille cette petite-fleur-du-bonheur
Seul remède à son malheur.
Et puis, un matin de bonne heure
Par hasard ou par manque d’égards
Il bute sur une pierre, dont la splendeur s’apparente à celle d’une fleur
Intrigué, il se met à l’observer
Dans un doux murmure, elle se met à parler
Elle lui confie venir d’une contrée étrangère
Que l’on nomme la terre des hommes intègres
Et détenir un secret d’une valeur inestimable
Il la supplie alors d’être charitable
Surprise, elle lui avoue en être incapable.
Elle lui dit avoir longtemps attendu
Pendant des années, elle a attendu, perdue
Jusqu’à ce qu’elle comprenne enfin que le secret du bonheur était en elle
Une histoire personnelle qu’elle cultive désormais au plus profond d’elle
Parce qu’à l’aube de sa féminité naissante
Elle souhaite éclore, frémissante.
Ahuri par cette révélation inattendue
Il mesure alors le temps perdu
À courir, courir après des richesses éphémères
Des chimères qui finalement s’apparentent à des leurres
Et ressent cette urgence à son tour
Un besoin impérieux de naître
D’être pour ne plus avoir à paraître
Et renaître comme au premier jour
Quand, à travers sa mère, il embrassait la terre entière.
Très beau ! ce mot intègre qui revient... un texte à partager avec des jeunes qui tant souffrent et font souffrir les autres de ce "paraître", la fin est sublime ! merci !
· Il y a presque 14 ans ·Edwige Devillebichot
solitude de la page blanche ? ouep pourquoi pas
· Il y a environ 14 ans ·gribouille--2