En un clin d'oeil.

Seb Fontenay Meaza

« On m’a un jour dit que les yeux sentaient le sexe, manière sans doute un peu vulgaire et maladroite de mentionner une attirance sexuelle, mais néanmoins très vraie »

    Un clin d'œil avait métamorphosé un visage encore juvénile en celui d'un fantasme sexuel. Son regard venait de la transformer. Tous ses traits étaient désormais animaux. Des yeux de biche, séduisants et taquins, des joues de lionne, à l'appétit charnel. Son sourire, était l'appât, celui qui me faisait gouter à ce plaisir imaginaire. La seconde d'avant, elle était encore une amie, mais à présent, ma libido était poussée à son paroxysme, et je ne voyais plus en elle qu'un désir.

     La soirée touche à sa fin, enfin, pas sûr. L'alcool qui nous rend si euphorique aide. Il dicte à nos mains de jouer, de s'enlacer avec envie. Déjà dans le taxi nos corps se rapprochent. Mon regard brillant savoure avec envie la sensualité qui se dégage d'elle sous les lumières nocturnes de la capitale.

On s'engouffre dans l'ascenseur comme deux ados, on chahute, se touche. Quand les portes s'ouvrent elle s'enfuit, m'invitant à la poursuivre dans les couloirs. Comme dans les films on joue. Mais je ne sais plus vraiment lequel de nous deux est la proie. Même pas sûr qu'il y en ait une. On est deux prédateurs.

Les draps sont frais, rafraîchissants, pour nos corps brûlants. La pièce a pris plusieurs degrés depuis que l'on s'est retrouvé à l'intérieur. Ça nous oblige à enlever une par une les couches qui nous recouvrent.

D'abord les vêtements, les sien, les miens. Son pull noir  et le mien. J'adore la regarder. Son collant reste le dernier rempart de la tentation. J'ai envie de l'arracher. La patience qui rendait tout ce jeu interdit, commence à être insoutenable. Mais je sais que je devrai encore attendre. Il faut qu'elle jouisse avant que je la pénètre. Alors je fais connaissance avec ses oreilles, les mordille, son cou, l'embrasse, ses seins les touche, son ventre, le caresse, ses fesse les serre. Et son vagin, chaud et mouillé, que ma langue découvre en léchant. Je l'entends gémir, malgré ses cuisses qui serrent mon visage. Je passe mes doigts dans sa bouche avant de rejoindre le bas. Son souffle est plus saccadé et son ventre commence à se crisper. Comme des spasmes. Je rajoute un doigt, continuant de faire flirter ma langue avec son clitoris. Alors elle jouit. Tous les muscles de son corps se sont relâchés à l'unisson, alors que les miens viennent de se raidir. Je remonte en une fraction de seconde, et la pénètre avec envie. Elle se ressaisit, elle sait que ce n'est pas fini.

On enlève nos tabous maintenant, on s'essaie tous les deux. On arrive à se comprendre. Elle veut reprendre le dessus, et s'amuser un peu elle aussi. J'aime ce moment. Sa bouche entoure mon sexe et son regard se plante dans le mien. Comme pour jauger à son tour mon plaisir. Elle remonte, une vraie panthère. Je lui attrape le cou et le bas du dos, et elle bascule. Ses jambes s'enroulent autour de mon bassin. Nos corps sont notre corps. Je vais à chaque mouvement un peu plus loin, cherchant l'orgasme. Elle s'ouvre pour me donner ce que l'on veut tous les deux. Elle me chuchote qu'elle aime « avoir la tête dans les coussins ». C'est un peu comme dans les nuages, mais souvent à quatre pattes. Je vois son dos se courber, ses bras s'étirer, son visage se tourner. Elle veut qu'on se regarde. Je pose mes mains sur ses hanches, l'agrippe, ses fesses aussi. J'appuie sur son dos, doucement, pour accentuer la cambrure, pour aller plus profond. J'adore cette domination. Mais plus encore pouvoir continuer à voir son visage. Je veux être témoin de son changement. Je sens que je ne vais plus tenir longtemps, mais je veux qu'elle vienne, je veux qu'on vienne ensemble. Je me retiens jusqu'à sentir son sexe étreindre le mien. J'explose. Et m'affale sur elle. Mon corps vient de se vider de toutes ses forces, et assaillit de spasme, mais ça on est deux. Et comme pour continuer notre parade, on « spasme » en rythme. On rit. On est bien, « vidés » et heureux, alors on rit.

Les dernières onces de pudeur tombent avec le drap qu'elle laisser glisser le long de son corps. Elle vient de se lever vers la salle de bain. Je la contemple encore. Au moment où elle tourne son visage, je lis ses lèvres m'invitant encore… « Rejoins-moi ».

     Voyez comme le cerveau va vite quand il s'agit de sexe. Car tout ça n'avait duré qu'un clin d'œil. Et je ne parle pas métaphoriquement. Je venais de revenir à la réalité dans ce bar au décor interdit, caché dans Paris. Tenant mon cocktail, souriant à la vue des bracelets que je venais de lui ramener de l'un de mes voyage qui dansaient autour de son poignet. Sous cette lumière tamisée quelque chose de nouveau se dégageait d'elle.  

Elle était si belle, si désirable.

Le temps d'un clin d'œil elle appelait au pêché.

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