Essentielle Plus

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ESSENTIELLE PLUS

Ca y est, mon Robert ? Ton bandeau est bien attaché ? Hop je vérifie, oui c'est bon. Le mien aussi, on peut commencer.

Approche la boîte.

Allez, mamour, vas-y, choisis-en une. Alors ? C'est laquelle, d'après toi ?

Hmmmmm ... je dirais la Confort Ultra.

Ah ! La Samantha ! ... quelle année?

er ... 199 ... 97 !

97 ou 98 ?

Non non, 97. C'était l'année des quarante ans de ta soeur. Mais si ! Elle nous avait tous invités à Acapulco !

Oui enfin, à L' Acapulco tu veux dire, le seul hôtel de la zone industrielle avec une piscine.

On avait bu comme des cochons ce jour-là, tu te souviens?

Si je me souviens ? J'étais même tombée dans la piscine et elle avait glissé de mon maillot de bain ...

J'ai dû plonger au moins cinquante fois pour aller la chercher ...

Finalement on avait laissé tomber et on s'était endormis sur les transats.

C'est Tonton Bernard qui l'a repêchée le lendemain matin ...

… Il croyait que c'était l'année des méduses !

Ah, mon Dieu, j' en ris tellement que j'en pleure. Attends un peu, je me tamponne les yeux avec mon bandeau.

T'as pas froid, ma Pounette? Y'a des coulis dans cette chambre ...

On s'en fiche ! Allez, à moi de choisir. Voyons voir ... Ah, des perles tridimensionnelles sur la face interne ... qui adhèrent encore un chouia ... je dirais ... la Léa ! 2003 !

Pourquoi 2003 ?

Mais si, rappelle-toi, tiens, je tâte … et voilà l'accroc ! Tu sais bien, c'est l'année où la voisine est partie tout l'été et elle nous avait laissé son chat. La sale bestiole hystérique a déchiré mon chemisier avec ses griffes quand j'ai voulu lui faire un câlin!

Ah ! Ca me revient maintenant. On l'avait poursuivi en lui balançant tout ce qu'on pouvait. Il avait eu tellement la trouille qu'il était monté dans l'arbre jusqu'à la plus haute branche.

Il y était resté une semaine, à miauler comme un perdu, qu'est-ce qu'on a ri !

Et la veille du retour de la voisine, tu te souviens ? On a dû appeler les pompiers pour qu'ils aillent le chercher !

Arf ! Je revois la tête du gars quand il nous a tendu le chat. Sa belle veste pleine de pisse et de poils mouillés ...

Et la voisine qui appelle le lendemain pour nous dire que finalement elle plaque tout, elle reste là-bas ...

... et qu'on peut garder le chat !

Ouhouh … attends, pouce ! Il faut que je reprenne mon souffle ...Allez, une petite dernière pour la route ? Après on se couche, hein ? J'ai peur que tu aies froid, telle que je te connais tu n'as même pas pensé à mettre des bas dans tes pantoufles.

Tais-toi, vieux schnock ! Tire donc !

Ah ... celle-là est plus petite que les autres ... Elle remonte à ... Tiens, il y a même encore un mamelon au bout ...

Un mamelon ?

Oui, c'est vieux, hein ?

Du tout début alors ... C'est marrant, le mamelon ça me fait penser à un soir de juin où on s'était installés dans le jardin sur le beau canapé en palettes que tu avais fabriqué. On regardait les étoiles. On buvait du thé à la menthe et tu me racontais les débuts de l'Aéropostale ...

Oui, je me souviens ...

Ca devait être la deuxième ou la troisième. C'est à cette époque là que tu m'as dit en rigolant "chouette, t'imagines quand t'en auras une vingtaine ?"

… Et que tu as eu l'idée de ce jeu pour quand on serait vieux.

Oh mon Robert, c'est quand même sympa que la Sécu m'en offre une par an depuis vingt ans, non?

Bien sûr, ma Pounette, on a bien rigolé avec toutes tes prothèses amovibles !

Enlève ton bandeau maintenant ... On a été sacrément heureux, hein ?

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