Et Dieu créa la flemme !

   Pendant les vacances, j'aime ne rien faire. Mais, quand je dis rien, c'est rien. Ne comptez pas sur moi pour tondre la pelouse. Les herbes folles, c'est très joli et, en plus, c'est bon pour la faune. Venez à moi papillons, sauterelles, hérissons et tourterelles ! Promenez-vous dans mes bois pendant que tout va de guingois ! Les coquelicots dansent avec les campanules sous le regard des rosiers presque sauvages. Le merle fait de l'œil aux escargots et les limaces, cousines dénudées et impudiques, font de mes heuchères leurs délices. Au diable vauvert le sécateur ! Qu'il cisaille mon quotidien et dévore les soucis qui ne sont point des fleurs ! 

   Je ne veux rien faire ! Pas même cuisiner. Si vous avez faim, allez dans mon jardin ! Levez la main et cueillez une pomme ! Si elle ne vous plaît pas avec sa peau rouge de soleil, c'est que vous n'y connaissez rien ! C'est son aïeule qui, jadis, tenta tellement le père Adam qu'il en oublia Dieu et revêtit chemise ! Alors, ôtez, ami, votre grise mine et grignotez mes tendres cerises. Je vous attends près du pêcher. Venez à moi tout oublier dans les soucis, mes belles fleurs !

   Ouvrir un livre est épuisant. Je puise, dans le puits bleu, mille histoires contées par les nuages. Là un éléphant se dandine et, au loin, un ours dodeline. Ils m'emmènent dans leurs rêves. Près de moi, ami, venez vous reposer, pieds dans les fleurs et nez dans le ciel, vous oublierez tous vos soucis !

   Quand, enfant, on me disait que je perdais mon temps à ne rien faire, je répondais que je voulais ressembler à Dieu ! La septième note de la gamme, il écouta les anges chanter. Pour oublier que, sur la terre, les hommes lui créeraient bien des soucis. Il regardait toutes ses fleurs et oubliait toutes ses peurs…