Et s'il savait le poète.
austylonoir
Y avait de la nuit sur l'autoroute,
Et des sirènes de police,
Et une femme qu'on arrête,
Et qui se met à pleurer,
Qu'avez-vous, dit le shérif?
Comme j'ai la mort qui me suit,
J'ai pris l'Ouest pour la semer,
Et je crois que j'ai réussi.
Elle met ses mains contre le capot,
Et on l'emmène à la ville.
Y a des coyotes dans les rues,
Et des pick-up défoncés,
Des gars tatoués, barbes longues,
Au fusil bien armé,
Ça sent le joint dans les rues,
Ça sent l'humain défoncé,
Jack et Gary sont malsains,
Sur la route enivrée,
Ils éteignent leur ennui,
Par des shots de vodka,
Et enfin s'entretuent, avenue Kennedy,
Et il faudra brûler leur corps,
Ou le jeter à la mer,
D'où partent les grands bateaux,
Vers les ports d'Angleterre,
On tient un beau discours sur les vagues atlantiques,
J'ai jamais vu la mer aussi agitée,
Nous dit le capitaine, avant de se faire engloutir,
Par l'océan déchaîné.
On trouvera dans les abîmes,
La dernière lettre d'un poète,
Des rimes un peu bancales,
Et un style trop stylé,
Une lettre à son père,
Qu'il a aimé sans connaître,
Puis connu sans aimer,
Lorsque sa mère lui a dit,
Que ton père, cinéaste juif,
Lui avait fait le ventre plein,
Dans le calme d'une soirée vide,
Où des verres à moitié-pleins,
Avaient confondu nos esprits,
Et noyé le destin,
Dans ces verres, qui finalement,
Étaient quand même trop remplis.
Et quand son père,
Avisé du triste drame,
Prendra connaissance de l'affaire,
Tâtera son visage plat,
Et mordillera ses lunette rondes,
Pour mesurer entre deux remords,
Le profit d'une telle histoire,
S'avisant déjà,
Sous quel angle filmer la mort,
Et les journaux indépendants,
Crieront au génie de l'artiste,
Mettront la morale,
Dans une bouteille à la mer,
On peut dire ce qu'on veut dire,
C'est quand même une belle histoire,
Et en plus c'est bien filmé,
Mais on aurait quand même préféré,
Que le film dure une heure trente,
Ça fait trop long deux heures et demie,
Dit une femme dans le public,
À son amie dans la salle vide,
Et pendant que passe, le générique de fin,
Elles avalent comme prévu,
Les trente-cinq comprimés,
Si seulement elles savaient,
Qu'on échappe à rien par la mort,
Et que rien ne lui échappe,
Elle happe les âmes,
Les unes après les autres.
Si elle savait la fille de l'autoroute,
Et s'il savait le poète.
Un coup de cœur, tout simplement.
· Il y a plus de 9 ans ·Benjamin Katagena
ça groove qd on le lit à haute voix ( ce que je fais toujours on ze poésie) et ça moove les sens très bô
· Il y a plus de 9 ans ·Christophe Paris
Juste magnifique.
· Il y a plus de 9 ans ·mlleash
J'vois tellement tout ça en musique, la voix écorchée... C'est top.
· Il y a presque 10 ans ·dreamcatcher
Cette atmosphère que tu poses là... Les vers s'enfilent comme des perles ou des shots de vodka. C'est élégant. Très.
· Il y a presque 10 ans ·ellis
Tragique et beau.
· Il y a presque 10 ans ·nyckie-alause