Gros chagrin

Me voilà à grosses larmes de crocodiles, une barre de chocolat dans ma main libre, entrain de finir un énième bouquin qui me remplit le cœur de chagrin. Non pas parce qu’il est triste mais parce qu’il est vrai. Et quand chacun de nous l’espérance des jours meilleurs résonne. Nous sommes tous les mêmes à écrire nos peines sans jamais relever nos instants de joie, de grâce. Nous avons la fâcheuse manie de ressasser les tragédies en oubliant les histoires comiques qui nous aident à rire, à reprendre vie.

Je pense à toi, à ces instants où tu enchaîne les pitreries pour me décrocher un sourire de la face. Tu me fais penser à l’un de ces personnages. Qui se bat contre vent et marais pour un monde plus beau ; toi tu veux juste rendre mon monde plus rigolo. Tu t’énerves et t’agaces de mes douleurs d’enfants, de mes larmes de femme… parce que tu te sens impuissant. Tu es un homme, un vrai, qui ne connait ni peur ni danger. Mais avec moi et loin de moi, le doute s’installe. Celui d’être à la hauteur d’un chantier d’une plus grande ampleur. C’est comme si les canalisations de la maison étaient plus profondes que prévues, et qu’il faille couper l’arrivée d’eau. Plus vite que prévu.

J’ai peur que tu te lasses de creuser en terrain miné. Toujours à guetter le rayon de soleil qui me rendra l’étincelle. Toujours à surprendre cette larme au coin de mes yeux. Celle qui refuse de chuter. Je me noie dans un verre d’eau quand loin de moi tu t’en vas. J’ai peur de ne pas être assez forte pour faire face à la marée. Et ça te fait flipper de me laisser seule avec mes regrets… Tu dis qu’on ne choisit pas nos ennuis. Moi je trouve que t’as pas choisi la partie la plus facile en me prenant à bras le corps… et j’ai peur que tu m’abandonnes en cours de chemin car essouffler de lutter… de creuser des rires sur mon visage fatiguée.

Dis, quand est-ce que tu reviens ? J’ai un gros chagrin…