Harvest (1972)/Neil Young

saan

 

Tout laisser derrière soi et s'évader, le temps d'un album de génie.


Vous saisissez votre Stetson, enfilez vos santiags et sortez par  la terrasse sur laquelle trône le rocking-chair de votre aïeul.


Un sac derrière l'épaule, vous ramassez une brindille sur le sol pour la faire rouler entre vos dents. L'avenir est devant vous, vous repartez de zéro, le pouce levé, l'âme vagabonde. Voilà comment débuter ce quatrième album de Neil Young, un chef d'œuvre incontournable de sensibilité, de rock et de country. Respirez profondément et ressentez l'air envahir vos poumons sur Out on the Weekend

Un pick-up s'arrête. Il vous fait signe de monter. Vous jetez votre baluchon à l'arrière et enjambez la remorque puis vous vous asseyez sur un tas de journaux. Le paysage défile sous vos yeux tandis que Harvest, A Man Needs a Maid, Heart of Gold et Are You Ready for the Country irriguent vos oreilles.

Vous toquez contre la carrosserie et demandez un chauffeur de stopper car vous avez envie de casser la croûte. Il vous lâche près d'un Motel déserté ayant pour seul client un vieil homme décharné accoudé au bar. Vous êtes pris d'une soudaine empathie en écoutant Old Man. La serveuse s'approche, vous lui lancez « Bacon and eggs !» et allez vous assoir sur la banquette d'une table encore souillée. Soudain vous êtes rattrapé par vos démons. Votre enfance et votre adolescence défilent sur There's a World et Alabama.

Rassasié, vous reprenez votre périple en laissant derrière vous ces bagages trop lourds à porter, comme le souvenir de votre ami d'enfance terrassé par l'héroïne. C'est le moment pour terminer l'album et écouter The Needle and the Damage Done et Words (Between the Lines of Age).

(10)

 

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