Home sweet home

Son appartement était nickel-chrome, rangé, propre, douillet, accueillant, cosy.

Arrivé dans la cuisine, je lui demande si je peux me laver les mains. Oui, je le peux. Par contre, quand je tente de me les essuyer à la serviette pendue, elle crie !

-         Non, pas avec celle-là, c'est la serviette de déco.

Et elle me sort un vieux torchon tout ripou qui a dû servir dans les guerres de tranchées pour les amputations.

Elle me propose un verre, cela ne se refuse pas. Servi, mon scotch on the rock à la main, je passe au salon pour me poser un peu et j'entends.

-         Non ! pas sur cette chaise Louis XVI, elle est factice !

-         D'accord, je peux m'asseoir où, alors ?

-         Le mieux c'est de rester debout.

-         D'accord.

Je reste donc debout comme un con, alors qu'il serait plus confortable de l'être, assis. Debout et en chaussette, car j'ai oublié de préciser qu'elle m'avait fortement prié de me déchausser sur le palier de l'étage.

Au bout du troisième verre, j'ai plus de mal à me tenir debout, heureusement qu'on se cramponne mutuellement en s'embrassant pour ne pas chuter. Je lui propose.

-         On pourrait peut-être passer dans la chambre ?

-         C'est une bonne idée, mais il ne faut pas s'allonger sur le lit, cela froisse les draps.

-         Sur la moquette, non ?

-         Non ! Elle est blanche et très fragile.

Je vous passe les détails d'un numéro pathétique d'équilibristes, j'ai quitté mon ex-nouvelle copine en chaussettes, car on m'avait piqué mes pompes sur le palier. En rentrant chez moi, j'ai balancé mon trousseau de clefs d'un kilo sur la table Louis Philippe en merisier en lui hurlant dessus.

-         Tu n'vas pas commencer à me faire chier, toi ! Et le reste, je vous préviens, il va falloir marcher droit !

Les maisons sont faites pour être au service de leurs occupants et non l'inverse.