Il me prend cette envie de funérailles.

Juliet

Comment s’est répandue la douleur ?
Je croyais que la vie avait été coupée
dans ces veines sans plus de couleur :
je crois que les Anges aujourd’hui m’ont loupé.
Je voudrais tant en plein cœur une flèche,
une issue de secours dans mon impasse.
Je veux qu’Il veuille que je me dépêche
et que dans un bon tour de passe-passe,
il me fasse disparaître comme par magie
sans jamais surtout laisser de trace.
Si certains diront sans doute que j’ai mal agi,
je dis que je ne fais plus de crasse.
Comment s’est répandu le venin ?
Je croyais la porte de sortie incontournable.
Les maux de mon cœur sont-ils bénins
au point que je ne puisse les rendre incontestables ?
Mais je veux que vous écoutiez les cris,
mais je veux que j’écoute mes pleurs ;
vous ne saurez jamais par seuls écrits
ce que vivent tous ceux qui ont peur.
Ils voient le danger partout où il se trouve,
et la vérité en tout endroit est laide à en mourir ;
si quelqu’un veut encore que je le prouve,
alors qu’il ne regrette pas de ne plus pouvoir sourire.
Je ne veux pas accomplir mon devoir militaire,
si le droit de vivre de l’un en est pour l’autre l’interdire ;
alors dites à vos raisons folles de se taire,
et prônez cette vérité que vos morts ne peuvent plus dire.
Je vois encore vos trônes et vos couronnes
resplendir au-dessus des montagnes de cadavres,
et vos guerres mégalomanes de Vérone,
je n’en attendrai pas la fin pour me faire un havre.
Parce que l’enfer ne se termine jamais,
je n’attends pas mon Paradis au milieu des diables,
parce que défaire est tout ce que vous aimez,
je vous souhaite mon sort qui reste le plus enviable.
Ainsi absents vous ne serez plus un grand danger,
et cette paix à laquelle vous croyez aspirer pourra régner.
Il n’est décent de déranger pour feindre ranger
un monde que je vois rouge comme c’est de sang que vous le peignez.
Comment s’est répandue ma conscience ?
Je veux accomplir la prophylaxie de mes terreurs.
Allégez donc le poids de ma science ;
la connaissance me rend victime de leurs erreurs.
Je ne veux pas faire pitié à cette race hypocrite
qui prétend souffrir de ses morts mais tue sans compter.
Cette autocensure que leur conscience leur a prescrite,
elle s’allie au vice quand il faut le dompter.
Je ne serai pas un masque humain sur un fauve ;
je tomberai vos lois officielles qui cachent vos crimes officieux.
Je ne veux pas saisir une main qui me sauve,
car tout n’est que mensonges qui de toute façon ne nous mènent qu’aux cieux.
Alors avant de devoir vivre toute l’histoire,
je veux déjà en atteindre la fin ;
mon âme pour vous ne fera jamais le trottoir
pour finir au creux de ceux qui ont faim.
Comment est survenu mon réveil ?
Endormi je ne faisais plus ces mauvais rêves.
D’où vient ce petit bout de merveille
comme un rayon me disant qu’il faut que je me lève ?

(écrit le 4 avril 2012 )

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