Impuissance.

eukaryot

On pense que ça n'arrive qu'aux autres. On se croit malin, on finit par en avoir l'air.

L'angoisse! Expliquer, se justifier. L'autre, couchée là, ne pipe mot. Pâle, blanche, elle te regarde, et te juge, sans un bruit. Pas la peine. Toi, à la regarder, tu te sens plus mou, plus moche et plus merdique que jamais. Beau terme, merdique. Céline désignait la médiocrité de la classe moyenne et commerçante par ce terme. Belle insulte!

Ca ne s'arrange pas. A chaque rapport, la même démotivation subite, la même mollesse qui s'installe. Finir par ne plus en avoir envie, c'est tragique! Elle est pourtant aguicheuse, étendue devant toi, belle et neuve à chaque fois, nue, à toi de la remplir, de la parcourir, lui tracer d'infinis sillons délicieux au creux de ses lignes. Rien n'y fait. Se sentir nul, oui. Rien à dire, tout est de sa faute. Ou de la tienne. Peu importe, pas vrai?

Elle te regarde, te scrute, s'interroge. Pourquoi cette panne? Pourquoi tu n'y arrives plus, je ne te fais plus bander? Rêver?

Mais bordel que si, si! Ca veut pas, ça vient pas, je suis prépubère et tu n'es pas de taille à me consoler, et je veux dormir, de toute façon.

Ma belle page blanche, je ne te ferai pas l'amour ce soir.

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