Instant magique

lune-noire

Au milieu de la foule, il y avait toi, il y avait moi. Je crois que c'est à cet instant que j'ai réalisé combien tes yeux m'attiraient.

La station Pont de Bois se remplissait d'étudiants tellement pressés de rentrer chez eux. Et puis il y avait nous. Nous, qui prenions tout notre temps pour marcher jusqu'au métro, tellement nous ne voulions pas nous quitter. Tu m'avais alors pris la main pour que nous ne nous séparions pas, tu ne voulais plus me lâcher.

Nous sommes montés dans la rame, nous étions au plein milieu, nous devions nous tenir à la barre couleur gris métallique afin de ne pas tomber -afin de ne pas nous lâcher surtout. Tu avais posé ta main sur la mienne comme pour me dire "Je crois que je n'ai jamais autant apprécié un trajet en métro". J'osais à peine lever les yeux jusqu'aux tiens, j'avais peur de les croiser.

Les stations de métro défilaient devant nous, malgré nous, et chacune nous rapprochait l'un de l'autre, jusqu'à ce que je finisse presque dans tes bras. Et puis tu chahutais, t'avais tout l'air d'un petit garçon tout heureux, t'avais cette bouille de bébé et ce sourire qui me faisait craquer à chaque fois.

Les gens dans le métro avaient les yeux rivés sur nous, sûrement parce qu'on devait puer l'amour. On s'en foutait de cette foule qui n'en finissait plus de rentrer dans un si petit espace, dans notre espace qui semblait comme une bulle que nous nous partagions.

Et puis à un moment, j'ai levé les yeux à la hauteur des tiens, ils se sont rencontrés, et j'ai réalisé à quel point ils étaient bourrés de sentiments. Ils pétillaient, tes putains de yeux marrons. Je te l'assure, je n'avais jamais vu ça auparavant, et ça m'a fasciné. A travers tes yeux, je voyais aussi tout le désir fou que tu pouvais éprouver pour moi. T'avais un charme bien propre à toi. Et malgré tes petites vitres devant tes yeux, j'en distinguais les moindres détails. C'était comme si j'arrivais à voir le reflet de ton âme, dans ton regard. J'étais éblouie, séduite, et totalement en train de dériver du côté euphorique, comme si finalement, j'étais légèrement en train de tomber amoureuse de toi.

Et puis nous sommes sortis de ce foutu métro, retrouvant chacun notre espace. Pourtant, tu étais toujours aussi proche et aussi affectif avec moi. J'avais le droit aux bisous sur le front, dans le cou, sur les joues, alors que les gens râlaient parce que nous n'avancions pas assez vite pour eux. On s'en fichait pas mal, parce qu'on était à deux, et que le reste ne comptait plus.

Pour se dire au revoir, nous avions longuement hésité. Devions-nous juste nous dire au revoir comme de simples amis, ou alors y avait-il beaucoup plus que ça entre nous? L'alchimie qui nous unissait a décidé pour nous, ou plutôt pour moi, quand je me suis jetée dans tes bras. J'en rêvais, j'en avais besoin, j'en dépendais. Et puis naturellement, j'ai senti la douce chaleur de tes lèvres contre les miennes. Tout était violent entre nous ; nos corps qui se jettent l'un contre l'autre, provoquant un petit choc et des ondes de grosse chaleur. Nos lèvres qui se touchaient, les unes essayant de dominer les autres, ta bouche qui semblait ne plus vouloir se décoller de la mienne, et nos souffles qui tentaient de se prolonger pour faire perdurer cet instant magique.

Bien évidemment, j'ai attendu que tu t'en ailles pour reprendre ma route. Et dans le train qui allait me ramener chez moi, je repensais à tout ce trajet, à cet instant unique et magique, à ton comportement si particulier mais tellement génial. Et puis j'avais ton parfum dans mes cheveux, partout dans mon cou, jusqu'à sur mes mains, que j'avais délicatement posé dans ta barbe de trois jours. Je crois que c'est à ce moment-là réellement, que je ne pouvais plus faire marche arrière, je voulais t'appartenir, et revivre tous les jours, des moments comme celui que nous avions passé ensemble.


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