Irezumi (3)
christinej
Quand je reprends connaissance il fait déjà nuit. Je ne veux pas bouger, même si le sol sur lequel je me suis effondré est froid et inconfortable. Je balaie du regard cette chambre qui m’a été attribué. Elle me semble maintenant encore plus étroite, impersonnelle, inconfortable. Inconsciemment je me demande si mon cercueil sera différent de cette pièce. Je tourne la tête, le plateau est encore la. Mon estomac gronde, je n’ai pas faim pourtant. Je me sens fatigué, épuisé. Tout ces souvenirs m’ont mis sans dessus dessous.
Sur le sol un ovale est dessiné par les reflets de la lune. Je bouge un de mes bras endolori pour y déposer ma main. Cette pureté éclaire ma paume, j’aimerai pouvoir la saisir. C’est bien moi ca toujours cherchant l’impossible et au final il ne reste que du vide.
J’inonde le sol de larmes tant de fois retenues, je pleure dans un silence presque religieux.
Apres de longues minutes a déverser des larmes amères, je décide qu’il est tant de redevenir un homme ou tout du moins quelque chose qui ressemble a un être humain. Je me relève, je quitte ce sol qui m’a accueilli avec toute sa froideur. Je regarde par le hublot un morceau de ciel étoilé, je ne peux m’empêcher de sourire car je suis sure que tu es la parmi les lucioles du ciel, petite sœur.
Mes vêtements sont froissés et honnêtement je me sens sale. Il est grand temps pour moi d’aller me laver.
Je sors de ma chambre, le couloir est désert, je tourne a gauche et si je me souviens bien c’est la deuxième a gauche.
Une salle de bain traditionnelle, quel bonheur. J’ouvre le petit cabinet pour prendre une serviette et du savon et j’y dépose mes affaires. Avec délicatesse je prends les planchettes qui recouvrent le bain une a une et les pose contre le mur. L’eau est encore bien chaude et fumante. Je m’assoie sur le petit tabouret et avec le seau je commence a m’asperger d’eau. Je crois qu’il n’y a rien de mieux. L’eau emporte avec elle le stress, la sueur, les dernières traces de mes larmes. Ensuite je me plonge dans le bain jusqu’au cou. Mes muscles s’apaisent, je respire plus calmement.
Je sors du bain attrape le petit morceau de savon et je commence minutieusement a nettoyer chaque parcelle de mon corps. Je suis recouvert de bulles blanchâtres, de mousse délicate. Je prends cette fois de l’eau du robinet pour me rincer, l’eau est froide, mais cela ne me dérange pas, elle électrise mes muscles. J’hésite a retourner dans ce bain si accueillant. Je succombe a mon envie de me prélasser pour encore quelques minutes dans ce havre de paix.
Sur le chemin du retour je me sens incroyablement frais et en même temps infiniment fatigué.
Je soulève la cloche qui a été ajouté pour protéger la nourriture du plateau. Quelle surprise de découvrir un Ichi Ju San Sai, même si les plats sont froid depuis bien longtemps, tout me parait apetissant. Un bol de soupe Miso, un bol de riz, un plat de Unagi, du umeboshi et du natto.
Mon estomac ne me laisse pas réfléchir d’avantage et il gronde et réclame son du. J’ai goûté avec délectation chaque plat, chaque bouchée qui pénétrait ma bouche. Tant de saveurs, de diversité, de culture dans ces plats.
Mon corps propre et relax, mon estomac ravi et rempli, tout semble parfait. Allongé sur le lit qui finalement n’est pas si dur que ca, comparé au sol, je sens le sommeil prendre du poids. Je sombre dans la douceur de la nuit déjà bien entamée.
Le soleil éclaire d’étrange manière la chambre. Ce petit rond qu’est ma fenêtre brille comme mini soleil, embrasant les murs, allongeant les ombres. Il est déjà tard je dois me lever.
Personne a l’horizon je me demande ce que je dois faire.
Je m’engage dans le couloir et descends les marches.
Maitre Hori est la farfouillant ses livres, marmonnant.
Décidément il a un gout vestimentaire vraiment étrange. Il porte une longue veste vert pomme ouverte sur une chemise jaune, son pantalon est ample et noir, ses chaussures sont de tong a fleurs.
“ Ah te voila enfin, petit.”
J’ai senti une pointe de reproche dans ses mots.
“ Allez assez perdu de temps assit toi la.”
Il me désigne la chaise de dentiste, ok mais j’ai pas mal aux dents papi!
Je commence a m’installer, mais je le vois qui me regarde de biais. Sans même ouvrir la bouche il me grogne dessus et me fait signe de changer de position. Je me retrouve a califourchon, avec un petit vieux me tripotant le dos et qui laisse échapper de temps en temps un humm.
Sans aucune délicatesse il me plaque contre le dossier.
“ on ne bouge plus maintenant petit.”
Je sens la pointe d’un pinceau faire des allers et venus sur ma peau. Pas une hésitation, pas un rature. Il virevolte, danse sur ma peau. J’essaie de me concentrer pour avoir une idée de ce qu’il dessine, mais c’est tout simplement impossible.
“ Bon maintenant allonge toi, ventre sur les coussins.”
J’obéis docilement.
Sur le sol des bols remplis d’encre Nara attendent avec des aiguilles sur des tiges de bambou.
“ Je vais commencer ton Sujibori. C’est la dire le contour de ton tatouage. Le bruit des aiguilles s’appelle Shakki. Maintenant je ne parle plus et tu fais pareil. Compris?”
“ Oui Maitre Hori.”
Ainsi il a commencé son travail de laboure sur mon dos, je ne peux pas définir autrement ce qu’il fait sur ma peau. Au début je me suis dit que ce n’était si terrible. Mais plus il parcourrait mon dos, plus la brulure et la douleur étaient insoutenables.
J’ai serré les dents, je ne peux rien faire d’autre.
Ichi Ju San Sai : ensemble de differents bols qui composent un repas, un bol de soupe, un bol de riz. et 3 differents plats
Unagi : anguilles laquees
Umeboshi : prunes ratatinees dans le sel
Natto : feves de soja fermentees
hello Chris, j'ai lu les 4 à la suite ... sper !
· Il y a environ 11 ans ·belle ambiance ... tes personnages sont bien trouvé et je salive de la suite par avance !
woody
Je suis comme Octo, j'apprends des choses à chaque fois et c'est toujours un grand plaisir de te lire :)
· Il y a environ 11 ans ·rafistoleuse
On attend la suite ^_^
· Il y a environ 11 ans ·Françoise Grenier Droesch
T'inquiète, c'est que des détail, déjà je suis super contente de lire un truc qui se passe au Japon! mais tu sais ce tatoueur n'a que deux disciples, son fils et un autre gars, un allemand. Mais bon la je deviens lourde! rire, on s'en moque, continue en tout cas
· Il y a environ 11 ans ·jone-kenzo
ouaho c'est compliqué! mais je t'encourage que va-t-il faire pour venger sa soeur ???
· Il y a environ 11 ans ·chris-tale
merci Matt merci Octobell pour vos lectures et votre fidelite
· Il y a environ 11 ans ·merci Jone Kenzo tout d'abord pour les corrections car je sais que j'en ai besoin, tout le monde en a besoin. Je suis loin d'etre une experte du Japon. Pour le bain c'est une erreur on m'a mal renseigne. Pour le repas je voulais des plats peu commun. Je ne parle pas de Hiriyoshi mais d'un disciple de ce tatoueur. Pour finir je ne dis pas que le lit est en pierre mais qu'il est dur comme de la pierre. Ah si une derniere chose il ne se fait pas tatouer en trois jour, il se fait juste tatouer le contour du dessin. ensuite il vient toutes les semaines pour continuer. voila j'espere que je t'ai bien repondu
christinej
dernière précision... en trois jours, même si on te tatouait non stop pendant que tu serais optionnellement évanouis ou dans le coma, à moins que tu sois très chétif tu as peu de chance d'avoir une estampe entiere dans le dos...
· Il y a environ 11 ans ·jone-kenzo
tu devrais peut être mettre un nom plus imaginaire. Mais je te dis ça sans méchanceté ni mépris. Quand aux mots japonais que tu emplois, essaie un peu de soit en mettre plus comme si ça t'étais naturel, soit explique dabord de quoi tu parles avant de nommer la chose. La ça fait très novice. Mais c'est pas grave, continue gambatte! rire... oh et je crois que tu avais évoqué un lit en pierre y'a pas longtemps, pense au futon la prochaine fois, et grand luxe traditionnel, y'en a qui sont chauffé en dessous rire. Et pour faire plus hokuto no ken uuuuus! un bon rondin carré de bois sous le crane hahaha
· Il y a environ 11 ans ·jone-kenzo
petite rectificaction pour t'aider: on se rince avant d'entrer dans le bain ET on se lave aussi. Le savon interviens avant le bain, sinon on baigne dans la crasse. Si tu as devant toi le ichi ju san sai que tu décris... ben je te souhaite bien du courage, déjà pour aimer le natto c'est clair qu'il faut être japonais, mais du umeboshi !? ah non pitié, ne me dis pas que tu peux supporter ça ! rire. Par contre un japonais ne serait pas du tout étonné de trouver ça dans son assiette, c'est comme si je te disais: incroyable à mc do j'ai trouvé la formule best of avec potatoes big mc coca et une boite de nuggets pour un euro de plus rire. Et Hiriyoshi III propriétaire du museum de Yokohama ne porte pas trop de choses excentriques rire, c'est un vieux papy petit te maigre, il ne travaille pas dans une boutique paummé, il est le karl lagerfeld du tatouage et il tatoue les rock star plus que les yakusa ( si il en fait encore )...
· Il y a environ 11 ans ·jone-kenzo
Bon bah moi j'attends ^^ C'est bien parce que je connais strictement rien à la culture japonaise alors j'apprends tout !
· Il y a environ 11 ans ·octobell
Quelle plongée dans le Japon, entre tradition ancestrale et modernité ! Maître Hori est une énigme magnifique et le héros nous entraîne avec lui sur son chemin de reconquête de soi ! C'est délicat, beau, superbe et poignant !
· Il y a environ 11 ans ·En trois mots comme en cent : génial, la suiiiiite ! (le compte est bon !)
matt-anasazi