J'ai menti.

J'ai menti. Ça a commencé par un petit mensonge pour cacher une bêtise d'enfant, un collier de maman perdu, une punition pour une poésie non apprise, un bonbon volé à un camarade... Puis au fil du temps c'est devenu une habitude. Une seconde peau, dont je ne pouvais plus me passer. Comme une drogue. J'aurai pu agir différemment, j'aurai pu peut-être changer le cours des choses, j'aurai pu donner d'autres interprétations, j'aurai pu être moi tout simplement. 

Mais mon instinct me criait de ne pas dire la vérité. Il me criait de me protéger, de ne pas me dévoiler. Jamais.

Parce que la vérité fait fuir les gens. Ils pensent dans leur esprit qu'elle doit être dévoilée, mais dans leur cœur c'est une abomination.

Mon premier mensonge a eu lieu quant à l'école la maîtresse a demandé pourquoi ma mère n'était pas venue à la réunion des parents, et que du haut de mes 6 ans j'ai répondu que c'était parce qu'elle avait oublié. Plus tard, quand la directrice a été mise au courant de la vérité, tout le monde s'est précipité pour me dire de ces phrases tellement entendues et dénuées de sens que ça ne m'a touché aucunement.

Comment pouvaient-ils affirmer qu'ils me comprenaient ? Comment peut-on oser dire à un enfant de 6 ans qu'il ne faut pas être triste ? Qui sont ils ?

C'est sans doute à cette période que j'ai commencé à mentir. Je ne me suis jamais arrêtée depuis. 

Mon innocence envolée, trop tôt certainement, tout comme d'autres enfants devenus adultes dans leur corps d'enfant.

Chaque occasion suffit à faire naître un mensonge. Quand tu me demandes comment je vais et que je réponds que tout va bien. Quand j'arrive même à rire,alors que je sens ma gorge se nouer et la tristesse qui embaume peu à peu mon âme.

Lorsque j'attends impatiemment de tes nouvelles, un simple sms qui me donnerait la joie de savoir que tu tiens à moi, même un peu, mais que tu oublies parce que tu as mieux à faire. 

Je mens tellement de fois. Quand je tends la main, pour passer sans cesse au second plan, mais que j'essaye de me convaincre que cette place dans le cœur des gens me suffit. Parce qu'au fond, je ne mérite pas qu'on s'attache à moi.

Je mens quand j'annule une sortie en trouvant toute sorte d'excuse. Parce que le regard des autres devient trop douloureux, et pesant.

Je mens comme vous tous, parce que je suis profondément humaine.