Je snobe Noël

july

Samedi 25 décembre 2010.

Après-midi. 

La nuit dernière, le Père Noël est passé. 

Ho ho ho.

Noël est fini, la course au cadeau aussi. OUF. Les petits monstres égocentriques ont arraché le papier cadeau des jouets tant attendus et éxigés. Les grands, eux, arborent un sourire forçé devant la paire de chaussettes offerte par tatie Georgette.

Et la fête est morte. Et je ne vais pas la pleurer. Je hais Noël. 

Hier, je me suis couché à 19h. Rien à foutre de Noël. En toute honnêteté, j'adore ne pas avoir de famille en ces moments là. J'entends déjà vos expressions de condoléances à mon égard, cela ne me touche guère. J'étais crevée après mon boulot et  ravie de disposer de ma soirée sans avoir à me faire de brushing, m'habiller et me coltiner un dîner familiale après avoir fondu ma prime de Noël en bénéfice de mon prochain . Je me suis maté un bon film et je suis partie me coucher. Sans remords.

Vous ressentez peut-être de la pitié en lisant ces lignes. Vous vous dites sûrement que mon attitude n'est qu'une stratégie de défense face à la solitude. Que vous êtes mignons. Entendez-vous, ces temps-ci, des discours anti-noël? Mais si, ce fameux blabla comme quoi Noël n'est qu'une fête commerciale, que le Père Noël est une invention de Coca-Cola, que c'est superficiel gnagnagna. Peut-être même les tenez-vous face à vos collègues, vos amis, votre conjoint, pour mieux aller rejoindre ensuite la dinde farcie, le sapin et les guirlandes. 

En ce qui me concerne, vous n'entendrez jamais un tel discours sortir de ma bouche. Car je m'en moque de l'aspect commercial et compagnie. Ce qui me gène, ce qui m'indispose, c'est le rituel des cadeaux. Offrir par obligation, ça me tue. En effet, en temps ordinaire, je préfère de loin me faire plaisir matériellement à moi-même plutôt qu'aux autres. Et je ne vois pas l'intêret que l'on m'offre quoi que ce soit puisque, si j'ai envie de quelque chose, je l'achète toute seule, comme une grande. Il m'arrive, de temps à autres, d'avoir un élan de générosité, mais c'est bien rare. Alors m'imposer de faire des cadeaux tous les ans, le même jour et à la même heure, même si je n'en ai pas envie, c'est trop. 

Puis tout ce déploiement de bonheur autour de Noël, j'avoue que ça sent le roussi. C'est peut-être conçu pour nous aider à oublier qu'une nouvelle année fera bientôt partie du passé, qu'elle a avalé une partie de notre vie, de notre souffle. Qu'on sera vieux plus vite que l'on ne le pense, mais qu'il ne faut pas s'arrêter de consommer pour autant.  

Sans parler du Père Noël, les rennes etc. Mais quel cerveau tordu a bien pu concevoir un telle connerie? C'est si dur que ça de dire à nos enfants qu'on leur fait des cadeaux parce qu'on les aime et qu'on en a la possibilité économiquement, que c'est bien notre salaire qui y passe tous les ans et non celui d'un branleur du Pôle Nord et que s'ils font les Jacques on aura pas envie de leur faire plaisir? Faut-il absolument faire semblant d'appeler le PN quand ils ne sont pas sages? Faut-il vraiment prendre nos rejetons pour des cons?

Bref. Et vous, les gens, y'a-t-il quelqu'un parmis vous qui comprend mon raisonement? 

Non? 

Que je suis une pauv' folle cynique? 

Et radine, en plus? 

Oui, je vous l'accorde.

Joyeuses saturnales. 

  • Hé oui ! il y en a qui sont obligées de se faire un brushing !

    · Il y a presque 14 ans ·
    Camelia top orig

    Edwige Devillebichot

  • Enorme ce texte! quelle malveillance! Très drôle!

    · Il y a presque 14 ans ·
    Avatar chat orig

    Chloé. S

  • ...Rhaaaaa que c'est bon!!!!

    · Il y a presque 14 ans ·
    Mort   cr dit orig

    Jaime De Sousa

  • Bien sûr, vous avez le plus grand droit de détester Noël et ses guirlandes. J'avoue moi-même que passer devant certaines boutiques me file la nausée (même si ce n'est pas le côté de Noël que vous dénoncer). Mais on peut aussi voir dans cette fête un dernier grand rituel social dans lequel beaucoup d'entre nous peuvent se retrouver, surtout dans une société qui est cruellement en défaut de ces temps collectifs d'interaction. Michel Leiris dans son roman "L'âge d'homme" parle de la révélation pour les enfants de l'inexistence du PN comme de la découverte terrifiante mais nécessaire que les enfant ne naissent pas dans les choux.
    En bref, même si le décorum a changé et que la boursouflure prétentieuse des cadeaux le dispute aux délires gastropophages, l'idée de Noël comme un rituel social et comme un rite d'apprentissage de la perte et du deuil pour les enfants, je trouve ça assez cool. So long:)

    · Il y a presque 14 ans ·
    Dsc00245 orig

    jones

  • Moi j'aime ce rendez vous, parce que c'est un rendez vous, celui qu'on donne à ceux qui comptent vraiment sans flon flon ni flafla, juste pour pouvoir se serrer les uns avec les autres quelques heures particulières parce que tout peut s'arrêter demain et ne pas avoir pu le faire à un moment donné est si douloureux après... Et puis... avec ceux là, le cadeau qu'on fait a un sens et père noël ou pas ne sert qu'à alimenter leurs rêves, leurs envies, leurs espoirs, leurs faire savoir ainsi qu'en ce monde il peut tout arriver, ils ne sont pas seuls pour traverser l'impossible, parce que la vie est ainsi faite.
    Un rendez vous d'amour, juste ça, mais tellement important à l'existence...
    J'aime votre texte et j'aime ce qu'il décrit, merci :)

    · Il y a presque 14 ans ·
    E amoureuxdeparis vi orig

    interlude

  • Non, non, vous n'êtes pas seule, je partage aussi votre ressentiment (voir pj).
    Moi, je fête quand-même Noël parce que j'ai une famille (éclatée), mais je ne fêterai pas le jour de l'An, c'est sûr.

    · Il y a presque 14 ans ·
    Omicron 1 orig

    Christophe Dessaux

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