Je suis un canapé blanc sale

zembra

 Je regarde mon bleu au dessus de l’arcade et repense à tes yeux d’hier qui ne me voyaient pas. Je m’étais heurtée dans le noir du jardin et ça a fait rire les étoiles, les convives et leurs chiens. Moi hier, je n’étais pas. De loin, je recevais tes gestes de mon ventre de loin. J’enfilais les clopes aux verres et de mes yeux j’enlaçais ton corps quand les tiens allaient ailleurs.

Je n’ose pas t’aimer. Ton sein dans ma bouche, je suis une enfant. Oui je me souviens.  

Je n’aime pas les maisons où je ne connais personne. Je ne sais pas me vendre aux yeux qui scrutent et aux bouches qui mastiquent mon nom. Je suis un animal de foire. Sourd et muet il n’y a plus que mon verre  qui me retient.  

J'erre d’un meuble à l’autre que ma gêne étreint. Je suis le grand tapis berbère puis la lampe grillée dans le coin. Je suis un canapé blanc sale, viens t’allonger sur moi. Je vais sous la table avec Jade. Pourquoi ne serais-je pas le chien ?

Plus tard, tes mains sur le guidon et les miennes sur l'impossible, j'ai le coeur qui s'affole. Le vent suffoque sous ma robe quand mon ventre à ton dos s’embrase. Froid chaud froid à la vitesse de mon délire. Je nargue le rire des étoiles et les mais que tu me jettes se jettent à la Seine. Regarde Paris dans ma bouteille. L’amour me monte aux yeux, dis-moi que c’est le vent.

Et puis

Et puis tu me laisses là sous un lampadaire comme on renie son môme chaque matin devant l'école. 

Des muses qui piétinent et des poètes qu’on abandonne, moi je butine les mots dans les ventres indifférents puis du métro au lit, je m'en vais ramper seule :

-       Une p’tite pièce M’dame ?

-       Contre l’amour ?

Demain il fera beau et j’aurai un égo.

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