Jeune flamme au matin

Le goût d'avant avant le goût

Si tu avais quelque chose à dire au temps

Et dans ta main le rivage

Où tu n'as jamais posé les pieds

Irais tu loin tu irais là sans doute

Ici et là ici partout comme un tambour

Dans l'estomac des pierres entre

Les dents des nuages dans les veines ouvertes

De la joie

Entre les mots des hommes

Et pourtant je t'ai vue

Chacun de nous t'a vue

Toute nue laissée vive braise entre les braises

Nous avons retiré notre ombre

Des bras de ton amour

Et nous avons pensé grandir nous avons pensé changer

En allant loin nous allions là sans doute

Entre les mots des hommes

Au cœur de tes cheveux

Sous les draps de ton cœur

Tu ignorais nous ignorant

Comment le feu s'étend comment le feu attend

Sur la pluie de ta langue l'orage de ta voix

Toi qui nous as manqué sans que nous t'ayons connue

Où chaque fleuve boit où chaque nuit éclate

Mais tu n'as rien à dire entre les mains

Le temps pose sa joue contre ta joue

Et tu consens à ta solitude

Toute blanche

Toute nue toute blanche

Tu consens à tes rêves et j'ouvre la fenêtre.

*

Il y a ta voix

Dans l'écuelle des pauvres

Ta voix de tous les jours

En colère 

Ta voix couleur de sud

Réveillée ta voix humide et dépliée

Ta voix aveugle de boue sur mes mains

Jeune flamme à cueillir des braises

Une poignée de terre

L'égrènement des secondes

Mon enfant mon enfance

Et ton sang sur le mien

Bouche ouverte versée dans la bouche fermée.