"La baleine blanche"*
cerise-david
Dix-neuf ans… souffrir, vivre, respirer la colère, nager, saigner du nez... ne plus pouvoir nager, hurler, griffer, aimer, souffrir, soutenir. Vouloir à nouveau, aimer, vouloir ne plus jamais, souffrir... parler politique, écologie, faire du vélo, dépenser deux mille €uros par mois, gueuler après son banquier. Jeter ces fringues, dormir nue, aimer, baiser, sortir, fumer et arrêter, baiser encore, et s'aimer, aimer baiser, seulement cela, souffrir. Prendre de la C, fuguer, se perdre, voyager, retrouver sa route, avancer, souffrir, aimer les hommes, les femmes, grandir, mûrir, faire des caprices, acheter de nouveaux fringues. Perdre ses clefs, bosser, entrer en fac, penser qu'on peut encore aimer, se rendre compte qu'on ne peut plus que souffrir. Ecrire à son père, écrire à son amant, sécher les larmes de sa petite sœur, soutenir son petit frère, galères après galères, avancer, encore... aimer ou y croire encore, souffrir, et se flinguer à la coke, saigner du nez, fumer et arrêter à nouveau, avancer, garder la tête haute face aux insultes, sentir le regard des hommes se poser sur mon corps dans la rue. Faire du sport, maigrir, acheter du Nutella°, grossir, pleurer, casser les miroirs, jeter les fringues, courir, après soi-même, après l'amour, après le bonheur... souffrir, rire, sourire, charmer, draguer, baiser, tomber de haut, tomber par amour, ne pas vouloir se relever, pleurer, hurler en silence. Ecrire, pleurer, se faire tatouer, écouter la même mélodie pendant vingt-quatre heures. Se masturber pour ne plus se faire baiser, se faire chier, ne plus jouir. Dépasser ces limites, sortir, donner son sang, pardonner, souffrir, déambuler dans les rues désertes, ne plus se lever le matin, porter des lunettes noires, faire le deuil de sa vie, insulter les passants. Baiser à nouveau, dans la rue, aimer, oublier de souffrir, se réveiller, se faire chahuter par son père, se faire violenter par son amant, souffrir en silence, oublier, avancer, se relever et ne plus jamais tendre la main... se créer une armure, assécher son cœur, ne plus souffrir, rencontrer celui qui et tant d'autres avant lui, le croire différent, penser qu'on a changée, aimer d'une autre façon, se méfier et finalement, souffrir, encore... ne pas manger, vomir, maigrir, devenir femme, ne plus avoir ces règles, par choix, ne pas vouloir être mère, ne pas croire au mariage. Se faire mordre, avoir un chien, s'en séparer, acheter dix sacs à main, avoir les mains dans les poches, cracher, insulter les filles de la fac, les filles dans les rues, être jalouse, souffrir, se couper les cheveux courts, très courts, souffrir, se battre encore, aimer, rêver, tout plaquer, tourner le dos au bonheur, aux hommes, à ses amis, cracher sur la société, le vouloir LUI, puis en vouloir un autre, changer de jean, vivre... survivre, de vin blanc, de Malboro° et de coke. Manquer, un peu, d'amour.
Vingt-deux ans… Avoir arrêté les conneries, fait de l’humanitaire, avoir vécu à Paris. Avoir passée quatre mois, seule. Sans drogues, sans alcool, sans sexe, presque sans clopes. Toujours s’engueuler avec son banquier. Penser rencontrer l’homme d’une vie, se retrouver face à face avec le crabe. Attendre des jours, des nuits, attendre, attendre des chiffres, des mots, des gestes. Se battre, enfermée dans le silence. Se cacher, tout perdre. Recommencer à zéro. Croire en la force de l’amour. Redécouvrir son corps meurtri. Guérir. Ouvrir les yeux et s’éveiller d’une longue nuit. Sourire. Un pied devant l’autre, traîner son corps fatigué. Un pied devant l’autre, courir. Face hilare, accélérer. Signer. Prendre la grêle, prendre un mur, ramper dans la boue, sourire aux lèvres. Regarder sa vie prendre un nouveau sens, penser la partager, partager tes envies, tes ambitions. Se battre, chaque jour. Se réveiller enfin. Gagner un jour pour tout perdre le lendemain. Gagner deux mille euros par mois, être trompée, vendue, dépouillée, abandonnée, traînée dans la boue. Voir revenir les démons… tendre la main et voir quelqu’un venir la saisir ; te saisir tout entière, te porter, ne plus te lâcher, jamais. Te réconforter, t’aider, te soutenir, t’aimer. Te donner de l’amour à t’étouffer. Te nourrir d’amour, te couvrir de baisers, de caresses. Accélérer encore, oublier les autres, tout ces autres ; il n’y a plus que LUI. Enfin, LUI. Seulement LUI, rien que pour TOI, sur mesure pour TOI. Redécoller, tout scintille et s’illumine. Aimer, aimer, aimer. Etre aimée. Vivre heureuse, heureux à deux. Se reconstruire et construire. Se fixer des objectifs et les atteindre, seul ou à deux. Courir un semi-marathon, reprendre le sport. Maigrir. Ecouter chaque son, regarder chaque instants différemment, savourer chaque baisers. Etre l’amour. S’inquiéter, attendre, décrocher le téléphone, se mordre les joues, ravaler sa rage et ses larmes… Devoir à nouveau affronter le crabe. Déglutir, penser à vive allure, prévoir le pire. Et pourtant, esquisser un sourire et avancer encore… encore… vers l’inconnu. Vouloir prendre de la vitesse, pour s’envoler presque… Promettre de ne plus regarder derrière. Rire ! En crever de rire… de cette putain de farce. Et attendre, le mur à vive allure. Sa main dans la mienne.
Y’a trois ans, j’ai détruit mon corps avec un acharnement constant. Je voulais souffrir pour me sentir vivante… y’a trois ans, je n’avais rien compris. Je pensais tout savoir sur le monde, je pensais dominer le monde. Marcher dessus en princesse de la nuit, enfermée dans ma bulle. Aujourd’hui, je regarde autour de moi, cherche le bonheur partout, fuit toutes formes de souffrance. Fuis ce passé, que j’ai gâché. Et pourtant, j’ai l’impression que la dette est plus salée que prévue. Sourire amer. Mais sourire quand même... y'a toujours un mais, bon ou mauvais.
"En me demandant comment on pouvait sourire aussi facilement après avoir tant souffert, [...], j'avais trouvé seul la réponse: cette réponse, elle était vachement optimiste, vachement rassurante, vachement simple - elle voulait dire que la vie est plus forte que la mort."*
Une vie! Ta vie, ton crabe a combattre et gagner, car la vie est courte, en profiter, aimer, cela est la meilleure solution.PS: J'ai Lanzman, et Cavanna, tous ses livres, ai aimé Les Ritals, les Russkoffs, Bête et méchant, moins Les yeux plus grand que le ventre. Amitié
· Il y a plus de 12 ans ·Yvette Dujardin
Pffffffffffff !! je suis sortie de ce texte avec une farandole de sensations au cœur...quel Hymne à la vie. Magnifique de courage...martelé, verbe à verbe...infinitif à affirmatif...
· Il y a plus de 12 ans ·lyselotte
Excuse pour le commentaire Cerise. Ma faute. Je l'avais enlevé. J'avais écrit : une espèce en voie de disparition comme je les aime ;)
· Il y a presque 13 ans ·bibine-poivron
meme si on ne se parle plus je lis toujours tes nouvelles et celle-ci represente ta vie et tu avoue enfin que le poid du monde ne peut pas etre porter que par toi! il faut savoir s'occuper de toi! je t'aime <3
· Il y a presque 13 ans ·Isis Arribart
Sois plus forte que la vie!... Toujours!
· Il y a environ 13 ans ·Frédéric Clément
J'adore, je trouve ça énorme? je n'ai pas tout lu. Je ne suis pas allé. Ou si, peut-être ai-je encore envie d'écrire et de vivre. oui j'en suis sur.
· Il y a environ 13 ans ·A bientôt.
ernestin-frenelius