La boîte à lettres a disparu !

Je colle en vitesse un joli timbre sur l'enveloppe destinée à ma grand-tante qui aime tant l'Histoire. Avec Google je lui ai trouvé plein de détails sur la vie de Léopoldine de Lorraine dont j'ignorais jusqu'à cette semaine l'existence. Et je m'empresse, la boîte à lettres est à deux pas, 5 m pour être précise, bien située dans ce coin de place au bout de la rue Saint-Gelais ; beaucoup s'y arrêtent quelques secondes en voiture sur la route du travail pour poster leur courrier. Bien pratique au-delà du quartier tout de même vaste.

Lancés par la force de l'habitude mes doigts effleurent le mur. Je reste médusée : il n'y a PLUS de boîte à lettres ! Je demeure stupide, ma lettre à la main en train de fixer le mur tandis que quelques voitures passent derrière moi. Tout de même, je cherche, je regarde un peu à droite et à gauche, sur le trottoir même, je fais le tour du mur du jardin public… Non, rien !

Vandalisme ? Mais alors c'est drôlement proprement fait : pas une trace, on dirait que la boîte jaune n'a jamais existé. Je rentre chez moi avec mon enveloppe. Ce n'est pas la Poste tout de même ? « Ils » auraient prévenu, nous aurions eu un mot dans nos  boîtes personnelles ? L'ont-ils déplacée ? Mais quand ? Mais où ? Supprimée pour faire des économies : moins de tournées, moins d'essence, moins de postiers… Où aller maintenant ? Faudra-t-il que je sorte ma voiture ?  Il y a des personnes très âgées dans le quartier, elles vont être ennuyées.

Pour en avoir le cœur net, je téléphone à la Poste : numéro surtaxé puis « faites le 1, faites le 2, etc. » Evidemment aucune rubrique ne correspond à ma question. Je recommence : « tous les conseillers sont occupés »…Je cherche une adresse mail, RIEN et pas non plus d'adresse postale, ce qui est un comble, pour écrire. D'ailleurs à qui écrire ? Par contre, sur internet, à propos de la Poste, je constate que je peux envoyer de l'argent à l'étranger ou trouver une esthéticienne immédiatement.

Bouffée de nostalgie : écrire, fermer l'enveloppe, poster « aux bons soins du facteur », se souvenir des exploits de certains de ces facteurs qui retrouvaient les destinataires d'une enveloppe mentionnant « Papa et Maman » et l'adresse approximative de l'immeuble. Je me souviens même avoir eu une bonne note à une rédaction où je décrivais un facteur de campagne émouvant alors même que j'étais une citadine.

Prestige de la Poste, fier héroïsme des grands de l'Aéropostale. Mermoz,  réveille-toi !

Je ne l'aime plus la Poste qui me traite de façon aussi cavalière.