La femme du placard.

Hervé Lénervé

Le rideau se lève sur un intérieur peu meublé où un homme et une femme sont assis sur un canapé. La lumière est tamisée dans des teintes dégradées.

On ne sait jamais que faire le dimanche après midi. Dit la femme.

C'est vrai, mais je t'avais dit d'attendre pour baiser, aussi. Dit l'homme.

Oui, cela aurait tué cinq minutes. Puisque c'est ainsi, je vais faire du rangement. Tu les gardes tes gants de moto, tu n'as plus de moto. Je jette ! Et là dans ce placard qu'est-ce qu'il y a ? Que des trucs à jeter, je suppose.

Non ! Ne touche pas à ce placard. Ce n'est pas chez nous.

Pardon ?

Je le loue et on n'entre pas chez un locataire, même si on est le propriétaire.

Mais qui habite ici ?

Je respecte la vie privée et l'anonymat des locataires.

Pourquoi, ils sont plusieurs.

Non, je ne prends plus les familles nombreuses. Actuellement, j'ai un locataire célibataire.

Et il est sympa.

Elle, c'est une femme, une jeune femme sympa, pas compliquée.

Tu veux dire facile. Alors, mon mari, loue à mon insu notre placard et y installe sa maîtresse. Il est vrai que quand on a une double vie autant la faire à domicile.

Ah, regarde la lumière rouge ! Ca veut dire que notre locataire va sortir du placard. Il faut que l'on s'enferme dans la commode pour respecter son intimité.

Mais t'es pas fou ?

Prend le tiroir du bas il est plus confortable.

Des voix de tiroirs.

Je crois qu'elle est sortie et tu le loues combien le placard ? On pourrait peut-être louer la commode aussi ? On s'enfermerait dans les toilettes pour respecter l'intimité.

Signaler ce texte