La grande Beauté (1)

Apolline

Mr A, 

Il y a des vies où l'on se suit à vie, où nous sommes à l'attirance d'être, alliés à tout jamais, dégingandés dans le paraître d'ici, où nous vibrons aux mêmes qualités, ailés, juste envoûtés par des parfums de désirs lointains à ne faire qu'un. À l'identique, nous épouser rien que pour une nuit. Et plus tard, d'autres encore, épisodiques, magiques, pour communier ce feu qui réside dans LA GRANDE BEAUTÉ dénudée de formes pensées…

Mais qui pourtant si grande, retombe en surface dans l'oubli d'un parchemin vieilli où le temps et le mythe n'ont pu mettre en mots clairs, en lumière, dans nos bouches unies, l'amour à l'état de nos âmes enlacées, l'amour calqué de notre esprit relié, pour suivre alors à grandes enjambées coûte que coûte, le destin des cordes et des arcs sur nos terres contaminées.

Mais qui hélas en beauté, succombe en surface dans la peur trempée à nos pieds, cette peur toujours de se tromper, d'être manipulés, qui paralyse nos assises. Ainsi, nous courrons toi et moi, toujours insatisfaits. Le signe de ta croix, tu le rejettes encore, rigoureux sur ton autre et moi les yeux ajourés, revenus à perte de vue, je me porte triste et lasse dans une lune muette de ne pouvoir t'exprimer, te partager des sensations de mon amour véritable.     

Rien ne se dit, tout se fond.

Dans le fond, je ne sais toujours pas ce que tu penses et dans le mien que j'aimerai rendre sain, je ne peux toujours pas formuler ce que je pense. Convaincu dans tes tranchées, tu n'écoutes plus quand je suis à ta porte. Mais comment pourrais-tu écouter ma voix et la tienne que tu retiens petite, quand tu te blindes derrière tes apparats solaires ? On ne peut pas toujours se parler en surface. Ça me tracasse, ça me dépasse. Je ne peux pas forcer le moulin, les hélices et tes tentations de vivre éteint devant la télévision ou le vent pesant incertain.

Rien ne se perd, tout se transforme.

Oui, je t'aime depuis toujours et oui je t'aimerai toujours mais maintenant je vais prendre une autre route, un autre tournant, rencontrer un cœur comme le mien, pour toucher nos fonds et nos couleurs, se réjouir vraiment de la grande beauté qui feront de nous, des incarnés célestes avec des mots de soi, des mots de soie à toucher, à déployer, tisser sur nos fils dorés, librement, joyeusement. C'est là le naturel, le vrai sens de l'essence…

Adieu mon Ami, mon Amant, mon Frère adoré. Je me dois d'achever.   

Crois-moi, je te souhaite la même libération, la même transformation. Mais allume ta vie, je t'en prie. Prends ta lumière, rayonne ton énergie !   

Melle A.   

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