La modestie de l'écrivain

Georgia Margoni

Participation au concours Top Words : l'écrivain moderne.

L'écriture n'est plus ce qu'elle était : un engagement, une parole, une nécessité de délivrer des messages. Etre écrivain peut dans certains cas, les pires ou les plus audacieux, devenir une posture d'aventurier, un essai à transformer pour accéder à la peopolisation, un métier attractif et rentable au mépris total de la littérature .  

 

Critique : Si tu n'aimes pas, c'est que tu n'as rien compris à mon roman et au sens caché que je voulais y mettre.

Stylo : entre mes mains, un simple bic prend des allures de mont-blanc de la pensée unique.

Le fan de base : par essence, il dénature mon œuvre par ses « oh, j'adore ce mec » et « ce qu'il écrit est si profond « mais tant qu'il paie mes vacances sur les Tropiques, je m'en fous !

Les ventes : Je suis un artiste maudit. Je crache sur la société de consommation. Mais si Paul, mon éditeur, le cauchemar de ma vie, « mon horloge biologique tyrannique « m'appelle en me disant : « chéri, tes ventes explosent, on va faire un autre tirage », je crois bien que je pourrais l'embrasser, et sur la bouche encore.

Mon éditeur : un con qui veut se faire du fric sans rien faire avec mes souffrances couchées sur le papier.

La page blanche : Mon ennemie pour la vie. Je la souille pour le plaisir. Je prends plaisir à détruire son innocence et annihiler toutes ses promesses que je ne tiens jamais.

Les prix littéraires : Je m'en moque comme de ma chemise la plus moche et j'en ai un paquet , croyez-moi. Et toucher un franc symbolique pour deux ans de travail acharné, c'est un peu se foutre de la gueule des écrivains.

Un dictionnaire : Pourquoi faire ? La diction de mes personnages est parfaite, mon style envolé, le souffle de mes aventures, épique. Je défie quiconque ayant un cerveau agrégé et surtout désagrégé de déceler une petite faute d'orthographe qui aurait pu figurer sur la copie de Pivot, un contresens ou même un début de mauvais goût. Je suis THE ECRIVAIN !

Mes personnages : Ils me dévorent, me vampirisent, hantent mes nuits et m'imposent leurs idées de force. Je crois qu'inconsciemment, ils me rappellent Paul, mon éditeur.

On n'est pas couché : Le passage incontournable pour un jeune romancier qui a des c.... en or ! Je parie que Yann Moix deviendra mon meilleur ami sur le plateau et qu'il encensera mon livre. Et puis, je pourrais manger un gros steak en sortant de l'émission puisque Aymeric Caron ne pourra plus m'en empêcher. Quant à Lea Salamé, le temps qu'elle finisse sa question, et surtout que je la comprenne, mon temps de parole sera terminé. Ouf ! Je l'aurais échappé belle.

  • Merci à toi, Carouille !!! MDR !!!!
    Je retire le mot "con" ! Paul n'est pas con, il est un petit personnage gentil mais on voit que ce n'est pas lui qui bosse !!!!
    Je lui dirai bien de t'appeler mais en ce moment, son cerveau, qu'il a petit , s'est liquéfié avec la canicule. Quand je le sortirai du congélo, je te l'envoie . Merci en tout cas pour ton commentaire et je suis ravie de t'avoir fait plaisir. Bonne écriture !

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Georgia Margoni

  • Merci beaucoup pour cet instant d'autodérision :) cela renouvelle le plaisir d'écrire...pour le plaisir :) (mais si Paul veut m'appeler, je suis d'accord !! :) )

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Ananas

    carouille

  • Un vote car c'est superbement trouvé

    · Il y a plus de 8 ans ·
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    Alice Gauguin

    • C'est très gentil Alice : Cela m'a fait rire de l'écrire hier soir. :

      · Il y a plus de 8 ans ·
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      Georgia Margoni

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