La Muse Libertine.

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Un beau matin, sans crier gare,

Mon inspiration s'est tirée,

Laissant mes neurones hagards,

Fatigués, dévitaminés.

Plus rien dans mon pauvre cerveau,

Que de la compote sans goût.

Représentez-vous le tableau:

Edouard vaincu, K.O. debout!

J'étais ramollo du stylo,

Pas d'encre dans ma plume d'oie,

Je n'écrivais plus un seul mot,

Mon clavier grelottait de froid.

Et puis, un jour, le coup de veine:

J'entrai dans une librairie,

espérant adoucir ma peine

En voyant livres et écrits...

Dieu! Que la libraire était belle!

Lumineuse féminité,

Douceur et tendresse rebelle...

Pourquoi aurais-je résisté?!

Elle a, d'une oreille attentive,

Ecouté mes pauvres tourments

Et m'a dit, légère, furtive:

"C'est fort bien. Soyez mon amant.

Mais, j'y mets une condition,

Avant de vous ouvrir mon lit:

Retrouvez votre inspiration,

Ecrivez poème ou récit,

Haïku, ou bien pièce, ou nouvelle...

Mettez tous vos mots bien en ordre,

Pour assiéger ma citadelle,

Et me vaincre en un doux désordre!"

Puisque nécessité fait loi,

La fin justifie les moyens.

Heureux, je pris ma plume d'oie

Et je composai ces quatrains.

Ma récompense fut divine...

Qu'elle savait bien, la bougresse,

Tantôt câline, et puis coquine,

Changer tous mes mots en caresses!

                                                                   Edouard   HUCKENDUBLER