LA ROCHE POSEE

Marcel Alalof

ROCHE POSEE

Mon corps, mes membres, mon cuir chevelu, ma région lombo-sacrée sont couverts de plaques érythémato-squameuses, qui s’accompagnent de prurits. Je me gratte au sang, entretenant ainsi des lésions suintantes.

L’hygiène rigoureuse, l’utilisation d’un chauffage électrique modéré, la désinfection tous les deux mois de l’appartement avec un produit anti-acarien, celle des « portes d’entrée » de mon corps, une fois par semaine, les séjours balnéaires et l’hydrothérapie n’y ont pas suffi. La maladie est bel et bien installée.

Pourtant, il s’agit, paraît-il, d’une pathologie bénigne qui serait liée soit à des facteurs d’environnement, soit à un terrain génétiquement prédisposé.

Je m’arrache les croûtes, les regarde, les goûte à l’occasion. Puis, je les dépose dans le réceptacle réservé à cet effet. J’aurai bientôt fait le plein. Je porte des vêtements légers, pour laisser sécher.

Je travaille, je me gratte, je dors ! Tel est l’essentiel de mes activités. Ma vie privée n’existe plus, mise à néant par les deux gigantesques blessures qui cisaillent mon entre-jambe. Où est le plaisir, dans ces conditions ?

Je ne mettrai pas fin à mes jours. Il y a d’autres solutions. Je pousse la porte de la Société Hydrominérale des Basses- Pyrénées.

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