La tirade des nids (à la manière d'Edmond Rostand).

Argument:  Dans la forêt, un merle intelligent et fortuné a fait construire un superbe nid aussi vaste que somptueux. Tous les oiseaux sont admiratifs, sauf un pigeon envieux et sot qui vient provoquer le merle:

Le Pigeon:  Vous avez un nid... Euh... Un nid... Très grand.

Le merle:  Très.

Le pigeon:  Euh...

Le merle:  C'est tout ? Ah non, c'est un peu court, pigeon.

On pouvait dire ça de multiples façons,

En variant le ton. Par exemple, ceci:

Agressif:  Moi Monsieur, si j'avais un tel nid,

Il eût été prudent que je le clôturasse.

Amical:  Mais, avec une telle surface,

Elle doit faire mal, votre taxe foncière.

Snob:  Vous êtes alors de famille princière !

Rêveur: Pour circuler dans un tel labyrinthe,

Vous devez donc avoir un GPS de pointe.

Tendre:  Si j'habitais un pareil nid douillet,

J'y ferais des banquets de blé et de millet !

Déprimé:  Ces locaux, pour un bon nettoyage,

Ont besoin d'une armée de femmes de ménage.

Flatteur: Ah ! Un tel nid ! Pour vous, rien n'est trop beau.

Vous êtes à coup sur le Seigneur des Oiseaux !

Coquin:  Toutes ces chambres ! A combien de merlettes

Fîtes-vous, généreux, les honneurs de vos couettes ?

Militaire:  On y peu loger un régiment.

Religieux:  C'est sans doute un immense couvent.

Branché:  Dans ce night-club la Jet-Set fait son show,

En buvant des cocktails et en dansant le slow.

Sportif:  Quel beau terrain ! Ce sera très pratique

Pour y organiser tous les Jeux Olympiques.

Campagnard:  C'que c'est grand ! Cent hectares ma foi,

Pour planter du maïs, des choux, des petits pois.

Fiscal:  pour gérer ça, faut au moins dix notaires.

Enfin rendant hommage au Grand Propriétaire:

Le voilà donc, ce nid, de nos belles forêts

ornant les frondaisons par ses divins apprêts !

       Applaudissements de tous les oiseaux. Le pigeon, honteux, s'enfuit, le bec bas.

                        Edouard HUCKENDUBLER  (merle siffleur)