LA VÉRITABLE HISTOIRE DES NUAGES

Philippe Larue

L'imaginaire d'Odin

Isabelle et Hugo étaient venue à la foire du trône, la foire aux pains d'épices. À l'entrée, entre les lumières qui dansaient dans les petites boules de verre colorées et les cris des enfants, des odeurs de cannelle, baignée dans un miel de sapin, parvenaient à leurs narines. Oh, les autres épices n'etaient pas en reste. En levant la tête, on pouvait voir les étoiles de la voie lactée battre à l'unisson, d'envies de sentir les anis étoilées dans les pains d'epices moelleux encore tiédes. Celles-ci venaient tout juste de se fiancés à des pépites de chocolat. Les oranges confites faisaient une cure de Thalasso dans un lait chaud, alors que les œufs de canes, racontaient des paraboles aux clous de girofles. Melle La Muscade était toute excitée par un certain Mr Gingembre, venu d'Asie par le bateau de la Cie des épices orientales. Elle en poudrait même la farine d'épeautre. 

Plus loin, Isabelle et Hugo apercevaient dans le carroussel, des cheveaux aux yeux expressifs, fatigués de calculer le périmètre de PI. On pouvait les entendre hennir: comme en 3,14! Il faut dire que certains descendaient d'une lignée Byzantine! Ce qui était surprenant, c'est que la dame de fer, oh pas l'anglaise, mais l'autre, dansait et procurait des Eiffel aux badauds. 

Entre les notes d'un orgue de barbarie essoufflé et celles d'une violoniste, les pommes d'amour que les enfants dégustaient en imitant les caméléons avec leurs langues, rougissaient timidement. Certains arbres étaient déjà givrés par des copeaux de noix de coco échappés du stand de confiserie. Dans les allées, des personnages, d'où une montre gousset apparaissait dans leurs vestons, étaient perchés à deux mètres de haut. Ils faisaient la course, fiers de cette nouvelle invention proposée par la Cie des vélocipèdes.

Et cette fumée soudaine, était-elle due aux chevaux ou au limonaire tout neuf du forain? Ça restera un mystère. Isabelle et Hugo s'etaient arrêtées devant un stand où des petits cristaux de sucre candy floss crépitaient d'envies dans un grand chaudron avant de fondre dans les palais merveilleux des enfants. La pièce de deux sous avait permi de faire tourner les deux bâtonnets de bois. Les barbes à papa ressemblaient à deux duchesses à la coiffure "Cotton Candy" qui auraient faites pâlir la reine d'Angleterre! 

Ils n'y goûtèrent pas tout de suite. Une nouvelle salle s'était installée près de deux platanes et un charme: un cinematographe mobile. Les personnes qui en sortaient, étaient enthousiastes, avec des yeux petillants comme des merlans frits: "incroyable, c'est magique...ils ont été sur la lune"! Quoi, des gens pouvaient aller sur la lune en entrant dans cette salle? Le film projeté s'appellait "Voyage dans la lune, de Georges Méliès" 

Isabelle et Hugo ne firent pas attention lorsqu'un léger Alizée se leva. Leurs oreilles écoutaient les bonheurs des spectateurs. Les barbes à papa se décoiffèrent et s'eleverent dans le ciel. C'est ainsi que depuis, à l'aube et au crépuscule, on aperçoit des filamants de barbes à papa cacher la gourmandise des couleurs du soleil!

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