L'arche du Floyd

buge

Loin des nappes célestes de Wish You Were Here, Pink Floyd offre, en 1977, un visage plus dur. Comme pour mieux s'adapter à des temps qui se durcissent

Quel spectacle glacial. Ce ciel menaçant, ce Londres dénué de toute vie si ce n'est cette bonne vieille Algie qui plane au-dessus de ce paysage sinistre.

Mais que s'est-il passé ? On croyait le Floyd à nouveau en paix même s'il s'en était fallu d'un rien pour que toutes ces âmes finissent "perdues dans un bocal".

En fait, le groupe avait consacré tant d'énergie à se chercher qu'il en avait oublié un contexte difficile. Car au milieu des 70s, la Grande-Bretagne est entrée dans une ère de fractures.

Le vivre commun s'essouffle. La société se divise. Pour Roger Waters, elle se scinde en trois catégories animalières servies par Orwell : les porcs, les chiens et les moutons (dirigeants, exécutants et peuple).

Le parolier prend toute cette réalité en pleine figure. Lui que l'on avait cru fragilisé (charade we are) taille du costard trois-pièces.

Au sein du Floyd, tous les membres sont égaux, mais certains le sont désormais plus que d'autres. La prise en main de Waters est ferme. Seul David Gilmour résiste. Témoin, ce Dogs, essai revigoré d'un You Gotta Be Crazy mis en sommeil depuis 1975. Tout au long du disque, le jeu du guitariste se veut incisif. Tout n'est que violence contenue : Pigs (Three Different Ones), Sheep.

Bien entendu, cette violence finit par éclater. Comment pouvait-il en être autrement avec un disque aussi bestial? Animals est un disque rageur et souvent bien plus acerbe que le message anarchique scandé ça et là.

Voilà pourquoi s'il ne devait en rester qu'un…

  • Jolie critique-point de vue sur ce disque qui reste un de mes préférés du Floyd. Effectivement inspiré d'Orwell. Ce disque rappelons-le est né dans le contexte politique des débuts du tatchérisme, et du tournant social et politique néo-libéral qui s'en est suivi, avec les Porcs qui dirigent, les chiens qui exécutent, et les moutons qui obéissent sans rien dire. Rien n'a changé depuis. La société est telle qu'Orwell l'a décrite malgré les maquillages dont elle se revêt. Orwell n'est pas un visionnaire, mais simplement quelqu'un de lucide sur la réalité, et le Floyd à transcendé tout cela en un album magnifique...

    · Il y a presque 10 ans ·
    P1000170 195

    arthur-roubignolle

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