L'aube amoureuse

luz-and-melancholy

"Les masques sont silencieux / Et la musique est si lointaine / Qu'elle semble venir des cieux / Oui je veux vous aimer mais vous aimer à peine / Et mon mal est délicieux"

La rosée matinale glisse à présent sur la nuit humide, marquant la fin des amours clandestines, fantasmées pendant si longtemps, et si promptement consommées. Ces deux corps étrangers au reste du monde avaient enfin goûté aux plaisirs éclectiques et éphémères de la chair, mus par le même désir capricieux et volatil.

Ils s'éveillent, le regard hagard, perdus et retrouvés l'un dans l'autre, enveloppés dans les draps chauds et moites, quand, au dehors, la brise hivernale engourdit les membres des passants affairés, balayant le paysage des amours déçues qu'étaient les leurs.


Dans le petit appartement froid, elle se rendort sur ta peau mordorée, repoussant à plus tard le moment de te quitter. Elle serre de ses mains maladroites ton corps et ces instants mouvants dans l'espoir vain de les capturer et d'en garder l'essence première. Ta chaleur l'embrase, tes baisers attisent sa frénésie et rompent la quiétude ardente de cette alcôve où se lovent et se consument les histoires interdites et leurs non-dits.


Tu entends au dehors le pas élégant des bourgeoises endimanchées, et celui des indigents en quête de compassion.

Tu entends le clocher de l'église, où les pécheurs confessent honteusement leurs interminables litanies.

Tu entends le marchand de journaux pressé matraquant le slogan des unes.

Tu entends les suppliques que font les enfants capricieux à leurs parents débonnaires.

Tu entends, au-dessus, le piano détonant d'un foyer étouffant les cris d'un drame.


Et tu entends tous les vers d'Aragon, et tous ceux de Baudelaire, qui défilent comme des trains dans ton esprit hébété. Tu es Elsa retrouvée dans ses bras, et, bientôt, Elsa perdue dans la foule.

Dans tes yeux, tantôt espiègles, tantôt tristes, un manège d'émotions fugaces te transporte successivement, bonheur, malheur, comme une mélodie bien menée, qui monte et qui descend. C'est la houle qui te submerge de son écume ronronnante.

Soudain, tout se tait. Alors, tu peux entendre la respiration saccadée de l'homme qui, à tes côtés, alimente tes intarissables espoirs. Il dort, et tu le sais, avenue des Ternes, l'Antiquité agonise, tandis que sur la rondeur de tes paupières alourdies, se pose le chant de modernité que tu t'appliques tant à fuir.

Et tu penses que l'amour devrait toujours être ainsi. Momentané et éphémère. Sans projet et surtout sans avenir. Un instant figé, sans âge pour vieillir. Il est déjà midi. Une nuit entière si vite terminée. Tu enfiles ta robe et déposes un dernier timide baiser sur la joue de ton amant aimé, Amour, avant de partir, pour voir mourir, dans la ville moutonnante et givrée, et ta douleur et ta candeur. 

  • Le philosophe : les sentiments ont besoin de l'enveloppe du corps, celui-ci transmet q'une infime partie des désirs de l esprit, le vrai domaine attendant une jouissance suprême, l'exécution d'un fantasme lui allouant d'en créer immédiatement un autre, sous forme de rêves. La liberté des rêves, fait vivre des extrêmes difficiles à exécuter, au-delà de la liberté de paroles, sans être considéré, déconsidéré par des esprits soit disant libres de toucher le corps de l'autre.
    Le poète : avoir plusieurs cordes à son arc, sert à éliminer tous ceux qui ne veulent pas que l'on atteigne, la possibilité de dire en vers, que même immobile on a pensé à faire bouger plus que l'esprit de l'autre, trop littéral. " Cieux bleus " éclairant la foule, " Bleu cieux " , âge de tes yeux modernité, Tendresse, Dimir-na

    · Il y a presque 11 ans ·
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    dimir-na

    • Magnifique Dimir-na, merci pour la singularité de vos commentaires, pour ces dialogues très poétiques :)

      · Il y a presque 11 ans ·
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      luz-and-melancholy

  • j'aime beaucoup; c'est tendre et beaucoup doivent se retrouver dans ce texte.
    Bravo.
    J'aime: Dans tes yeux, tantôt espiègles, tantôt tristes, un manège d'émotions fugaces te transporte successivement, bonheur, malheur, comme une mélodie bien menée, qui monte et qui descend. C'est la houle qui te submerge de son écume ronronnant.(e)
    Amitiés

    · Il y a presque 11 ans ·
    One day  one cutie   23 mademoiselle jeanne by davidraphet d957ehy

    vividecateri

    • Merci Viviane pour ces impressions touchantes.

      · Il y a presque 11 ans ·
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      luz-and-melancholy

  • ôôôôô comme c'est beau, touchant, pénétrant ! vraiment ! Merci de ton signe chez moi, cela m'a permis de te découvrir...

    · Il y a presque 11 ans ·
    Ange

    Apolline

    • Merci à toi Apolline, pour la lecture et pour ce commentaire :)

      · Il y a presque 11 ans ·
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      luz-and-melancholy

  • Le cadeau du présent.

    · Il y a presque 11 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

  • Plaisir d'aimer.

    · Il y a presque 11 ans ·
    Image

    Archange Flippé

  • J'adore ce que tu écris. C'est si doucement envolé, fatalement dessiné. CDC Luz

    · Il y a presque 11 ans ·
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    mark-olantern

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