Le chômage rend bi-polaire
laura-sg
Il y a des jours où l’inactivité professionnelle (c’est moins traumatisant comme terme) ne pose aucun problème. Vous trouvez de quoi vous occuper, de façon plus ou moins “utile” : bouquiner, traquer la poussière, bronzer, envoyer des CV, shoppinguer (mais par trop non plus, on est SANS EMPLOI remember)…
Les journées passent vite et vous vous accommodez parfaitement de ce “temps libre”. Vous en profitez pour aller voir famille et amis aux quatre coins de la France, vous pouvez même vous payer le luxe de refaire vos papiers d’identité en semaine : la vie semble aussi parfaite qu’à Wisteria Lane.
Et puis tout à coup, votre cerveau se transforme en Hysteria Lane : vous sortez de votre torpeur, de ce monde de Bisounours® totalement improductifs et l’angoisse vient sournoisement s’enrouler autour de votre gorge. C’est presque une certitude : vous n’êtes plus capable de rien. C’était quoi déjà votre métier ? “Doux Jésus mais je ne sais pas si je pourrais m’y remettre, je vais être larguée”. Le complexe de l’imposteur devient votre leitmotiv à chaque fois que vous tentez de compiler vos compétences.
Vous épluchez alors, en panique mais en vain, les offres d’emploi tout secteur confondu.
De temps en temps une lueur de lucidité vous rappelle que non, vous n’avez pas le permis poids lourds nécessaire aux chauffeurs routiers. Dommage, vous êtes un peu “gens du voyage” dans l’âme.
Et puis le calme revient. Peut-être que ce temps doit être mis à contribution pour quelque chose de plus… spirituel. Une recherche de soi, la connaissance véritable de vos vraies envies. “Pense à toi un peu !”, qu’ils disent…
Mais une fois le masque régénérant pointes sèches rincé, le corps induit de crème super hydratante 24h sans effet gras, vos trois couches de vernis abricot plus ou moins bien posées et votre séance de yoga programmée, que pouvez-vous faire de plus pour vous détendre la thyroïde hein ? Terminer la journée en ôtant délicatement chaque poil de vos mollets à la pince à épiler ?
C’est effrayant de voir à quel point un métier définit ce que l’on est. Cela semble si grave de ne pas avoir de fonction dans ce joyeux monde du travail qu’on se demanderait presque pourquoi autant de monde ne pense qu’à sa retraite.
Heureusement entre “je ne suis plus rien” et “ça n’est qu’une question de temps”, il n’ y a souvent que quelques instants.
Excellente analyse, je prends note de votre suggestion de reconversion Monsieur Roubignolle
· Il y a plus de 12 ans ·laura-sg
Pourquoi vous trouvez pas un job d'esthéticienne puique vous passer votre temps à vous épiler?
· Il y a plus de 12 ans ·arthur-roubignolle
"se détendre la thyroïde" !! m'enfin !!!???
· Il y a plus de 12 ans ·lyselotte
Merci : )
· Il y a plus de 12 ans ·laura-sg
Une bonne satire sur ce monde du travail impitoyable où on te prend, on te jette et on te jettera encore ! Heureusement, l'humour est là pour nous rappeler que non, on reste utile (au moins à soi-même :-), même si le propre de cette société reste la performance à tout prix et peu importe les souffrances engendrées. En tout cas, très bon texte, merci.
· Il y a plus de 12 ans ·nouontiine
ahahahaahah j'ai carrément ri! Bon papier! Ca fait du bien de lire ce genre d'écriture sans chichi et vraiment drôle: oh que oui vous avez bien cerné la chose! L'euphorie puis le désenchantement puis à nouveau des moments d'euphorie puis le loup en cage se réveille et la psychomania arrive jusqu'à se contenter et s émerveiller sur la moindre occupation comme euhhh s'épiler en effet le moindre vilain poil du mollet :p bravo c etaitun bon moment de détente
· Il y a plus de 12 ans ·orlov
La perte de la confiance en soi, le syndrome de l'imposteur, l'ennui qui guette et le réveil qui se fait de plus en plus tardif, parfois... Belle introduction au monde des oubliés.
· Il y a plus de 12 ans ·Jean Louis Michel