Le coup du sifflet.

Il s'étaient rencontrés assez facilement, la laisse dans la poche, dans une promenade animalière. Leurs bêtes s'étaient reniflés sur la grève, le derrière puis la truffe. Shaïna sortait d'un refuge des Pyrénées et Petty d'un couple d'amis à qui la chienne en avait fait huit sous la table. Sur la ballade à l'accès du piton rocheux, ils partageaient dans des fous rires, les anecdotes respectives de leur compagnon, mimant l'attitude que prenait l'animal après la bêtise; du sien qui filait droit à la couche, la queue entre les jambes, et de la sienne qui baissait la tête tout en lui léchant la main: - Tu vois, comme çà elle fait, et parfois même la patte devant les yeux, comme ça aussi ! Dans des voix plus chaudes et plus intimes, ils s'accordaient du même sentiment d' affection que procuraient les caresses et les petites récompenses, les biscuits. Le vent dégrafait sans cesse le bouton de son chemisier, qu'elle finissait par ne plus s'en préoccuper. Petty revenait de sa balle et Shaïna finissait de japper sur un buisson qui volait par à coups.

Juste avant que le ciel ne craque son orage, il invitait sa maîtresse pour un verre, dans l'après-midi: - Tu vois, j'habite le cabanon aux volets bleus ouverts, là bas, qu'on devine à la pointe.

- Cool !

-Petty... hey Petty...Peeeetttty... Allez Petty viens ma Petty, viens on y va...

Elle avait encore un peu de la pluie sur elle et un bouquet de fleurs de chemin dans les bras. Dans ses cheveux mi-longs, une fleur de tiarè, épinglée à la hâte. Ses yeux en amandes douces, coulaient encore de maquillage frais, parsemé de petits reflets argent, comme d'étoiles éphémères. Par la fenêtre entrouverte elle prononça le mot: - Coucou ! Dans une mèche désobéissante, qu'elle soulevait d'un doigt délicat, ses lèvres laissaient apparaître son petit bijoux buccal, son diamant.

- Tu me fais entrer chez toi ?

- Viens, prends ma main et mets ton genoux en appui là. A deux je tire; un...deux.

Dans ce moment précis par lequel le corps de Mélissa franchissait l'obstacle, l'attraction subite des deux chairs s'enduisait de chimie, laissant à la niche le protocole des préliminaires. L'urgence de s'enlacer, de se laisser défaire, de se chercher, de se mâcher, de se mordre.

Elle avait encore le baiser tout chargé du sel de la plage sous celui de son bâton à la framboise. Des impacts de thym sauvage, de pétales de marguerites et de coquelicots sur les cuisses, donnaient la marque de l'ouvrage. Les papillons venaient sur les roses et les colliers pendaient au clou.